La France et la Belgique ont démantelé une filière de recrutement et d'acheminement de candidats aux attentats en Irak, lors d'une opération conjointe qui a permis l'arrestation de vingt extrémistes soupçonnés de liens avec Al Qaîda, a annoncé le ministère français de la Justice. Paris. De notre bureau L'opération a débuté lundi par l'arrestation de deux hommes expulsés de Syrie. Elle s'est poursuivie, mardi, par l'interpellation de neuf personnes dans la région toulousaine et parisienne, précise un communiqué du ministère. A l'issue de leur garde à vue, six personnes devaient être présentées, hier, au parquet de Paris, qui a prévu de requérir l'ouverture d'une information pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme et financement d'une entreprise terroriste », précise le communiqué du ministère de la Justice. Les recrues étaient dans un premier temps envoyées en Egypte « pour apprendre l'arabe et les doctrines du salafisme dans les écoles (madrasa) les plus radicales », explique le communiqué. Elles gagnaient ensuite « une filière organisée » en Syrie qui les conduisait en Irak « pour y commettre des actes terroristes, notamment sous forme d'attentats suicides », ajoute le texte. Avant de gagner cette filière, les recrues passaient par une cellule en lien avec Al Qaîda, implantée en Arabie Saoudite. « Ce résultat, a conclu le Parquet de Paris, est le fruit d'une coopération opérationnelle exceptionnelle entre les autorités belges et françaises, laquelle a pris la forme la plus novatrice de l'enquête, par la création d'une équipe commune d'enquête décidée dès le mois de juillet 2006 ». Parallèlement, les autorités belges ont procédé à l'arrestation de neuf autres personnes, puis à leur libération, vendredi soir. « Ils ont été libérés dans la soirée car, pour l'instant, nous ne disposons pas d'éléments suffisants pour les maintenir en détention. Mais cela ne signifie pas qu'il n'y a rien dans le dossier », a déclaré le porte-parole du parquet fédéral de Belgique. Les services français ont identifié 22 personnes qui sont allées combattre au côté de la guérilla anti-américaine en Irak, Français ou partis de France, un pays qui, aujourd'hui, « exporte » des kamikazes, a affirmé, jeudi, le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. « L'ennemi » ne vient plus seulement « d'ailleurs », a estimé M. Sarkozy, en ouvrant les travaux d'une journée consacrée aux « Français face au terrorisme » : « On n'importe plus seulement des kamikazes, on en exporte », a-t-il ajouté. Pour sa part, le juge antiterroriste français, Jean-Louis Bruguière, estime que le risque d'attentats terroristes en Europe est élevé et « en augmentation constante », notamment à cause de la guerre en Irak. Il avertit que la récente alliance annoncée entre Al Qaîda et le GSPC algérien constitue une menace particulièrement grave. « Le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat, NDLR) veut perpétrer des attentats en Europe, particulièrement en France, en Italie, en Espagne et déstabiliser l'Afrique du Nord », a déclaré le juge Bruguière à l'Associated press, mardi soir à New York, où le magistrat se trouvait pour prononcer un discours devant la Fondation franco-américaine. Pour le juge Bruguière, la menace terroriste qui pèse sur l'Europe est « assez élevée », classant cette menace pour la France au niveau quatre sur une échelle qui en compterait cinq. Mais, ajoute le juge Bruguière, en dépit du danger croissant d'attentats islamistes sur le sol européen, la lutte antiterroriste compte quelques succès. Et de citer un attentat avorté du GSPC en France, déjoué par les policiers spécialisés dans cette lutte, tandis que le gouvernement français « surveille soigneusement » les activités du GSPC. Agences, Nadjia Bouzeghrane