Un délai de trois mois a été accordé au groupe de travail, installé jeudi dernier par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, et chargé d'élaborer un projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre la corruption ainsi que la mise en place des mécanismes juridiques de suivi et de contrôle de la lutte contre l'éradication du fléau. Regroupant une quarantaine de personnes, le groupe est présidé par Abdelkader Benyoucef, président de la cour. Il est composé de magistrats de la Cour suprême et du Conseil d'Etat, de présidents de cours ainsi que des représentants des départements ministériels et des institutions publiques concernés par la prévention et la lutte contre la corruption. L'initiative du ministère de la Justice entre dans le cadre de la concrétisation des instructions données par le président de la République lors de la cérémonie d'ouverture de l'année judiciaire relatives à la lutte contre la corruption, le trafic d'influence et l'atteinte aux biens publics.En effet, M. Bouteflika avait indiqué que « la justice doit améliorer ses réponses et ses capacités de réaction face à la prolifération des maux sociaux et à l'augmentation inquiétante des formes de délinquance et de criminalité ». Sur ce plan le premier magistrat du pays a insisté sur la nécessité pour la justice « de disposer d'une stratégie globale qui lui fait actuellement défaut et qui lui permettrait d'agir avec plus d'efficacité et de cohérence sur les tendances de la criminalité ». Le chef d'Etat a demandé a ce que la lutte contre la corruption soit faite partout et dans toutes les institutions, y compris le secteur judiciaire. De son côté, M.Tayab Belaïz, ministre de la Justice, a exprimé jeudi, les mêmes inquiétudes que celles évoquées par le président et le pourquoi du caractère primordial de cette lutte. L'orateur dira que la corruption est l'un des fléaux les plus dangereux de notre société. « La corruption entrave le développement économique, fait fuir les investisseurs étrangers, cause un grand tort aux citoyens et mine la confiance des populations dans l'Etat », dira-t-il. C'est d'ailleurs pour ces multiples raisons que le chef d'Etat a invité le gouvernement à mettre en place ce groupe de travail composé de représentants de tous les secteurs ministériels et instances publiques pour la lutte contre la corruption. M. Belaïz a exigé du groupe l'étude sous toutes ses formes du phénomène et d'avancer des propositions opérationnelles et concrètes. Une fois le travail achevé, le document fera l'objet d'une réflexion autour des mécanismes juridiques d'application de la loi. « Nous allons lutter contre la corruption et ses périphériques qui entravent les actions de la justice. Il est anormal que, pour l'obtention d'un simple document ou autre service, le citoyen doive moyenner une personne occupant un poste stratégie que... L'élaboration d'une loi dans ce sens est impérative que ce soit sur le plan interne ou externe », a-t-il souligné. Ce dernier a déclaré dans son intervention que le problème de la corruption gangrène notre société et son combat implique tous les secteurs et les instances publics sans aucune exception. Le conférencier a en outre évoqué les mutations politiques, économiques et sociales internationales ainsi que l'évolution des formes du crime organisé transfrontalier et a précisé que tout cela a imposé « le renforcement de la coopération sous toutes ses formes. En revanche, les réformes politiques, institutionnelles et économiques effectuées en Algérie visent toutes l'institution d'un Etat de droit et la consécration des règles de transparence dans la gestion des affaires publiques. » Cette mesure s'inscrit dans le cadre de la réforme globale de la justice et de la révision du dispositif national par sa mise en conformité avec les conventions et les engagements internationaux ratifiés par l'Algérie ou auxquels elle a adhéré, en matière de lutte contre le crime organisé sous toutes ses formes, notamment la Convention internationale de lutte contre la corruption. Par ailleurs, M. Belaïz n'a pas omis de rappeler les dispositions prises par l'Algérie dans la lutte contre le crime organisé tels le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme, le trafic de drogue et de psychotropes, et la créations de pôles judiciaires pour lutter contre le crime organisé.