Le gouvernement est tenu de sortir avec des conclusions palpables dans une période assez limitée. Tel qu'envisagé dans les réformes en cours de l'appareil judiciaire, Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux, a procédé, ce jeudi, à l'installation d'un groupe de travail chargé d'élaborer un projet de loi sur la prévention et la lutte contre la corruption et de mettre en place les mécanismes de suivi. Toutes les parties concernées ont été appelées à constituer ce groupe de travail : magistrats de la Cour suprême, conseil d'Etat, président et procureurs généraux près les cours de justice, ainsi que les représentants des départements ministériels et d'instances publiques. Ce pas franchi, l'Algérie aura fait une grande avancée dans le cadre de la modernisation de son système judiciaire en s'attaquant à l'un des maux les plus pernicieux, la corruption. Lors de l'ouverture de l'année judiciaire, mercredi dernier, le président de la République lui-même a émis le voeu de voir la justice nationale se hisser au même stade de performances que celui des pays développés. Constituant l'un des principaux chantiers de son second mandat, Bouteflika a plaidé pour la rigueur et la persévérance dans la réforme de la justice, particulièrement du point de vue pénal. «Il faut développer au sein du secteur de la justice et en concertation avec les autres institutions concernées, des stratégies pénales, efficaces pour lutter contre les différentes formes de criminalité et les prévenir», a-t-il recommandé. Plus explicite, le premier magistrat du pays a insisté sur la nécessité de circonscrire le phénomène de la corruption. «Je voudrais insister sur l'importance qu'il convient d'accorder à la lutte contre la corruption partout et dans toutes les institutions, y compris dans le secteur judiciaire, car cette forme de criminalité insidieuse entrave le développement économique, fait fuir les investisseurs étrangers, cause un grand tort aux citoyens et mine la confiance des populations dans l'Etat», a-t-il insisté. De son côté, le ministre de la Justice a appelé à «étudier ce phénomène sous tous ses aspects et à avancer des propositions sérieuses et opérationnelles pour élaborer un projet de loi sur la prévention et la lutte contre la corruption et mettre en place les mécanismes d'éradication de ces fléaux». Selon toute vraisemblance, la célérité avec laquelle M.Belaïz a agi est dû au forcing du président de la République en vue d'en finir avec ce casse-tête dans les plus brefs délais. «Afin de faire face au phénomène de la corruption, du trafic d'influence et d'atteinte aux deniers publics, j'invite le gouvernement à mettre en place un groupe de travail composé de représentants de tous les secteurs ministériels et instances publiques concernées par la prévention et la lutte contre la corruption. Ce groupe de travail aura pour tâche l'élaboration d'un code qui facilitera la lutte contre la corruption et la mise en place de mécanismes de suivi de la lutte contre ce fléau, conformément à la convention internationale de la lutte contre la corruption dont notre pays a été l'un des premiers signataires», a-t-il déclaré. Ainsi, le gouvernement est tenu de prendre en main cet aspect et sortir avec des conclusions palpables dans une période assez limitée. Comme l'a souligné M.Belaïz, les mutations politiques, économiques et sociales internationales ainsi que l'évolution des formes du crime organisé transfrontalier imposent à l'Algérie de s'adapter à ces nouvelles donnes. D'ailleurs, on parle déjà du renforcement de la coopération juridique entre les pays dans l'objectif de rendre cette lutte efficace. Il reste, cependant, à veiller à ce que toutes les décisions qui seront prises, se matérialisent dans les faits. Un point sur lequel le chef de l'Etat s'est longuement penché à l'occasion du discours prononcé lors de l'ouverture de l'année judiciaire, mercredi dernier. A cet effet, il n'a pas omis de signaler que cette lutte «nécessite également des mécanismes et des plans organisés et efficaces». Se voulant plus érudit à propos, le chef de l'Etat a indiqué, compte tenu de la complexité et de la nocivité de ces fléaux, l'obligation «d'élaborer une législation visant à créer des pôles judiciaires spécialisés dotés de vastes compétences territoriales, encadrés et dirigés par des magistrats spécialisés». A côté de cette intense activité ministérielle et présidentielle, les magistrats, pour leur part, ont abordé les différentes étapes franchies par la justice algérienne lors de la cérémonie d'ouverture de la nouvelle année judiciaire. A l'unisson, ils ont prêté serment de faire aboutir les recommandations du président de la République.