De crainte de voir la brouille s'envenimer dans la petite agglomération d'Igli (170 km au sud de Béchar) entre les familles Samba et Seghir, les autorités locales ont pris les devants. Ainsi, une délégation de wilaya conduite par le chef de l'exécutif s'est déplacée vendredi 16 février à Igli dans le but de sceller définitivement la réconciliation entre les deux familles très proches l'une de l'autre par des liens de parenté. Il faut noter que la hache de guerre qui a été déterrée peu avant les émeutes qu'a connues la petite localité en 2004 n'a pas été totalement enterrée. Emeutes au cours desquelles, on s'en souvient, des édifices publics avaient été saccagés par une population en colère qui réclamait « la prise en charge de leurs problèmes ignorés ». Samba, l'ancien maire à l'époque des événements aujourd'hui en détention préventive et Séghir, propriétaire de la grande ferme pilote d'Igli, étaient en conflit ouvert. Mais le nouveau wali qui, entre-temps, a pris connaissance du dossier, a récemment reçu séparément au siège de la wilaya les sages des deux familles pour apaiser les esprits encore surchauffés et les convaincre de revenir à de meilleurs sentiments. Le représentant du gouvernement a indiqué, selon des sources informées, avoir mis en garde les délégués de la population de la commune de Oued Saoura sur les fâcheuses conséquences que pourrait entraîner un éventuel scénario identique à celui de 2004. « L'Etat ne peut plus se montrer clément à l'égard de tout fauteur de troubles qui incendie et saccage les biens publics », a-t-il averti à plusieurs reprises. Mais, vendredi, l'atmosphère n'était plus aux avertissements. La grande salle de la cantine scolaire d'Igli n'a pu contenir la forte délégation officielle ainsi que les convives venus des différentes localités de la wilaya (autorités civiles et militaires, sénateurs, députés de la région, présidents des APC, membres de l'APW, chefs de daïra, chefs de zaouïa et membres de la société civile...). Ils ont assisté à cette réconciliation scellée en grande pompe autour d'un couscous servi dans une ambiance festive. Le chef de l'exécutif compte, selon son entourage, élargir cette initiative de réconciliation à travers les communes qui sont en brouille. Cependant, il a été interrogé par la presse sur le cas précis du P/APC de la commune de Beni Ounif — localité qui a aussi connu des émeutes similaires en 2004 — qui a été destitué par le wali de l'époque. Il a répondu n'avoir aucune intention de s'opposer à la décision du conseil d'Etat qui a prononcé la réhabilitation du P/Apc de la commune de Beni Ounif. Cependant, il a ajouté que c'est au conseil de sécurité de la wilaya que revient le pouvoir discrétionnaire de juger de l'opportunité de décider du moment de la réintégration de l'élu destitué « comme cela se passe dans tous les pays du monde » a-t-il fait remarquer.