L'égalité entre l'homme et la femme en Algérie n'est pas encore acquise. La condition de la femme est un des exemples les plus édifiants de cette disparité entre les conventions internationales et ce que prévoit le législateur algérien. Sa place dans la société a été, mercredi passé, au centre des débats animés par Linda Bouadma, journaliste à la Chaîne III, avec des représentants du RND, du RCD, du MDS et du FNA. Le MSP, El Islah, le FFS et le FLN n'ont pas répondu à l'invitation du Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (CIDEF) qui a organisé cette conférence-débat à l'INSP, dans le cadre de la campagne de sensibilisation autour des propositions des partis concernant les questions féminines, avec le soutien du MEPI. Cette rencontre, première d'une série de thèmes liés à la situation de la femme qui seront débattus au cours des prochains mois, a mis en exergue une réalité amère. Celle de voir que même les partis politiques ne consacrent pas, pour autant, une grande place à la question féminine. On ne se rappelle d'elles qu'à l'approche des échéances électorales. Pour les quatre représentantes des partis politiques dont les programmes consacrent « pleinement l'égalité », la société marginalise la femme pour plusieurs raisons, à savoir sociales, culturelles et religieuses. Elles sont unanimes à dire que le principe d'égalité est inexistant au sein de la société. Pour Mme Kaïd du RCD, la question de la femme est une des priorités du parti. « Il est clair que la représentation féminine reste encore insuffisante mais le principe de l'égalité au sein de la formation politique est inaliénable. En termes d'effectif, il faut se rendre à l'évidence. Il n'y a pas beaucoup de femmes qui adhèrent aux partis politiques pour plusieurs raisons. Elles ne veulent pas s'impliquer », dira-t-elle. Elle relève, toutefois, que cela ne les empêche pas de sensibiliser et de mobiliser les femmes autour de toutes ces préoccupations. Pour l'avenir, a-t-elle ajouté, le parti de Saïd Sadi projette d'arriver à la parité. A la question de la journaliste de savoir que propose son parti aux femmes électrices, MmeKaïd a essentiellement énuméré les principaux points du programme, à savoir l'abrogation du code de la famille, la levée des réserves sur la CEDAW, promouvoir le mouvement associatif féminin, la non-discrimination pour l'accès à l'emploi, la revalorisation de l'image de la femme dans les manuels scolaires. C'est-à-dire revoir l'image de la femme par rapport à son statut, au travail, dans la vie conjugale et dans la société. Pour Aouicha du MDS, l'égalité au sein de son parti est pleine et entière. « Nous avons des militants qui se battent pour la citoyenneté. Il n'y a pas de différence entre les hommes et les femmes », a-t-elle déclaré, tout en précisant qu'effectivement l'égalité n'est consacrée ni dans la société ni par les textes législatifs. « La femme militante et active est mal vue au sein de la société. Une idée entretenue aussi bien par les médias lourds (émissions télévisuelles) que les programmes enseignés à l'école algérienne. Ces messages véhiculés agissent sur une réalité en orientant les représentations et les comportements. Il y a une régression dans le discours et le discours religieux extrémiste justifie ainsi la violence et la marginalisation de la femme », a-t-elle expliqué avant de préciser que les pouvoirs publics ont aussi « laissé faire ». « Il faut que les femmes apprennent à se plaindre auprès des autorités », a-t-elle souligné. A propos des programmes consacrés aux femmes, la représentante du MDS affirme que son parti défend les droits des femmes et qu'il n'a pas besoin de les séduire. « D'ailleurs, l'accès aux médias lourds nous est interdit puisque nous apportons un discours autre que celui des officiels. Donc, je ne vois pas comment on peut sensibiliser et mobiliser les masses », a-t-elle signalé. Pour Mme Flici, « les femmes au RND commencent à s'imposer et nous avons exigé une représentation de pas moins de 20% au niveau du conseil national. Il y a une évolution au niveau du RND bien que les hommes n'acceptent pas que la femme soit au-devant de la scène. Des efforts vont être aussi déployés pour présenter des femmes en tête de liste aux prochaines consultations électorales. » Pour elle, le procédé des quotas n'est pas la meilleure solution pour pouvoir accéder aux différentes instances du parti. Quant au programme de son parti, pour mieux attirer les électrices qui représentent 7,5 millions, Mme Flici ne parle point de programme. Elle se contente de dire que « nous allons nous imposer », sans faire aucune proposition concrète pour ces femmes qui vivent d'innombrables problèmes au quotidien. Il est de même pour la représentante du FNA qui signale qu'une commission femme s'est constituée au sein du parti afin de se pencher sur cette question. Quelles sont les propositions du FNA ? Visiblement aucune. « De toutes les façons, tous les programmes des partis se ressemblent. Nous avons le même objectif, c'est l'Algérie », a-t-elle résumé. Ce forum constitue pour la présidente du CIDEF, Nadia Aït Zai, un moyen qui peut permettre aux partis politiques d'écouter la société civile, notamment les femmes.