L'Académie d'Alger-Centre a décidé, indiquent ses responsables, de poursuivre en justice un groupe d'enseignants du lycée Emir Abdelkader en « grève illégale » depuis sept semaines. De leur côté, les enseignants grévistes ont engagé des poursuites judiciaires contre l'Académie pour avoir procédé à leur remplacement. Dans ce contexte et pour dénoncer le fait qu'on ait fait appel à des « briseurs de grève », les 40 enseignants en grève ont appelé, il y a quelques jours, tous les lycées de la capitale à se solidariser avec eux en prenant part à la journée de protestation programmée pour la journée d'hier avec un rassemblement au niveau de leur lycée. Lors d'une conférence de presse animée au siège de l'Académie d'Alger-Centre, M. Mesbah, directeur de l'Académie d'Alger, est revenu sur la genèse de cette affaire. D'emblée, il a tenu à préciser que son département a hérité d'une affaire qui remonte à quatre ans. « Le problème de ce lycée perdure depuis de longues années. Ces mêmes enseignants ont usé de tous leurs moyens pour chasser deux proviseurs. Ils refont le même scénario avec le chef d'établissement actuel, en l'occurrence Mme Mansouri. Aujourd'hui, c'est à la justice de trancher la question », a expliqué M. Mesbah, qui indiquera plus loin que le groupe d'enseignants qui revendique le départ Mme Mansouri était au courant de la nomination de celle-ci au poste de secrétaire général au niveau de l'Académie d'Alger-Centre. « Nous ne sommes pas partie prenante de ce conflit, mais en tant que tutelle, il est de notre devoir de protéger le chef d'établissement et de penser à l'intérêt des élèves. L'installation de Mme Mansouri au poste de secrétaire général devait se faire juste après la fin du premier trimestre, c'est-à-dire après la finalisation du bilan financier », a soutenu l'orateur, qui fera remarquer que le mouvement de débrayage déclenché par les 40 enseignants a obligé la tutelle à reporter la cérémonie d'installation de la nouvelle secrétaire générale de l'Académie jusqu'au règlement de cette crise. La grève est qualifiée d'illégale par l'Académie parce que, de l'avis de M. Mesbah, les grévistes n'ont pas respecté la procédure de grève. Le conférencier expliquera que son département a tenté par tous les moyens de dissuader les contestataires, en vain. « Je me suis personnellement déplacé au lycée où j'ai tenu une réunion avec les parties concernées, d'autres rencontres ont eu lieu à l'Académie et au ministère », dira M. Mesbah, qui comptabilisera 13 réunions avec les parents d'élèves, les élèves et les enseignants en grève. « Nous n'avons jamais fermé les portes du dialogue, parfois, il faut le dire, ce sont les enseignants concernés qui ne viennent pas aux réunions et nous avons à chaque fois à discuter avec des groupes différents. Un fait qui nous a empêchés d'avancer. A mon sens, ces enseignants ne veulent pas le règlement du problème de manière civilisée. » Pour ce qui est du remplacement des enseignants, M. Mesbah a soutenu qu'il n' y a pas eu un remplacement au sens propre du terme, mais que son département a fait appel, en se basant sur la circulaire du ministère portant sur le recrutement dans le cadre du préemploi, aux diplômés de l'ITE afin de prodiguer les cours aux élèves qui ont déjà accusé un retard considérable. « Nous avons opté pour cette solution après les multiples appels de détresse lancés par les parents d'élèves. Nous avons réagi de la sorte dans l'intérêt des élèves. Les parents d'élèves nous ont énormément aidés », a affirmé le directeur de l'Académie. Pour ce qui est de la journée de protestation, si les enseignants grévistes avancent un taux de suivi de 50%, les responsables des trois académies d'Alger le considèrent comme très faible avec 5% à l'Est, 4% au Centre et 3% à l'Ouest.