Le tribunal de Sidi M'hamed a signifié hier de façon impérative aux enseignants grévistes du lycée Emir Abdelkader d'Alger le retour immédiat à leur poste de travail. Si les responsables de l'Académie d'Alger ont applaudi cette décision et s'estiment satisfaits et soulagés en même temps à l'issue du verdict de la justice, les grévistes, de leur côté, affirment que la décision du tribunal est en quelque sorte en leur faveur. Par ces propos, l'on comprend que les contestataires vont abdiquer à leur mouvement de débrayage, déclenché il y a près de deux mois. Eh bien, la réponse est négative. « Le juge administratif s'est déclaré incompétent, ce qui implique qu'il ne peut pas se prononcer sur l'illégalité ou la légalité de notre grève. Donc, si notre mouvement de débrayage n'est pas reconnu illégal, pourquoi nous demande-t-on de renoncer à la grève par la reprise des cours. Nous sommes convaincus qu'à 90%, le conseil d'Etat rejettera ce procédé », a expliqué M. Osmane, un des grévistes et premier responsable du Conseil des lycées d'Algérie (CLA). A titre de rappel, l'Académie d'Alger-Centre a décidé de poursuivre en justice un groupe d'enseignants, au nombre de 40, exerçant dans ce lycée pour avoir eu recours à une grève illégale. Pour leur part, les enseignants grévistes ont engagé des poursuites judiciaires contre l'Académie pour protester contre leur remplacement illégal par des vacataires et la violation manifeste du droit de grève. « L'action menée par l'Académie d'Alger est une véritable cabale contre le mouvement opposant les enseignants à la directrice du lycée dont nous demandons le départ. L'académie a tenté de casser notre action », expliquent les enseignants grévistes. Les responsables de l'Académie rejettent en bloc ces interprétations en précisant : « Nous ne sommes pas partie prenante de ce conflit, mais en tant que tutelle, il est de notre devoir de protéger le chef d'établissement et de penser à l'intérêt des élèves. Mme Mansouri était partante, mais après l'apparition du conflit nous étions obligés de la maintenir à son poste jusqu'au règlement définitif du problème », fera remarquer le responsable de l'Académie. M. Mesbah a expliqué que son département n'a lésé aucun individu, bien au contraire, il a tenté par tous les moyens de dissuader les contestataires, en vain. « Je me suis personnellement déplacé au lycée où j'ai tenu une réunion avec les parties concernées, d'autres rencontres ont eu lieu à l'Académie et au ministère. Face à l'obstination des grévistes, nous avons décidé officiellement de saisir la justice afin de mettre fin à ce problème. La justice s'est prononcée et les grévistes doivent respecter cette décision », dira-t-il. Pour ce qui est du remplacement des enseignants, M. Mesbah a soutenu qu'il n'y a pas eu un remplacement au sens propre du terme, mais que son département a fait appel, en se basant sur la circulaire du ministère portant sur le recrutement dans le cadre du pré-emploi, aux diplômés de l'ITE. « Nous avons opté pour cette solution après les multiples appels de détresse lancés par les parents d'élèves. Nous avons réagi de la sorte dans l'intérêt des élèves. Les parents d'élèves nous ont énormément aidés », a affirmé le directeur de l'Académie. Par ailleurs, les enseignants grévistes décideront aujourd'hui de la démarche à suivre. « Nous allons soumettre au vote des propositions, soit une reprise tactique des cours tout en capitalisant le gain concernant la légalité de la grève, ou bien nous attendons la notification de la décision qui interviendra dans un délai de quinze jours, ou alors opter carrément pour la poursuite de la grève », dira M. Osmane.