Son talent était reconnu dans Braveheart (1995) pour lequel il avait obtenu plusieurs Oscars. Mais avec La Passion du Christ (2004), il s'est attiré la foudre de beaucoup de monde, jusqu'à être soupçonné d'antisémitisme. Depuis, il a été diabolisé, maudit, et a subi une campagne de dénigrement à tout-va. Mel Gibson, mi-ange, mi-démon ! Il y a quelques semaines, les attaques ont repris de plus belle pour, une fois de plus, descendre en flamme son dernier film, Apocalypto. Le réalisateur aurait « commis » des erreurs historiques monumentales, il aurait mis l'accent sur le cannibalisme et la sauvagerie de la civilisation Maya plutôt que sur sa grandeur… Et pour mieux le rabaisser, il n'a eu que trois nominations « insignifiantes » aux Oscars : meilleur montage sonore, meilleur son et meilleurs maquillages… Bref, Apocalypto serait tout, sauf un film réussi. Tant de bruit et de commentaires sarcastiques nous ont justement donné envie de voir à quoi ressemble ce ratage. Et là, surprise ! Le film est superbement époustouflant ! Pour ceux qui trouvent certains détails faux, nous dirons que le cinéma n'est pas un outil de vérité, mais un art de l'illusion absolue. Mieux : une infime partie des inscriptions Maya a été, à ce jour, déchiffrée. Ce que nous possédons sur cette civilisation ne représente pas plus d'un millième de ce que nous devrions avoir pour mieux les connaître. Apocalypto est tout simplement un grand film… les images sont extraordinaires, les prises de vue étonnantes, tout est impressionnant, la forêt, la traversée du fleuve et ses chutes, les temples pyramidaux, les costumes… Le film est si bien construit que nous le vivons pleinement. La caméra se « place » souvent dans les yeux de l'acteur principal et nous permet de vivre dans le corps de celui pourchassé. Ou de celui à qui l'on tranche la tête… Jusqu'à la dernière seconde du film, nous nous retrouvons à espérer que le jeune homme réussisse à sauver sa petite famille, nous l'exhortons à ne pas se dévoiler pour que sa femme et ses deux enfants (l'un étant encore dans le ventre de sa mère) ne soient pas découverts… Les émotions sont si bien exprimées que nous les ressentons profondément. Bref, encore, Apocalypto est le genre de film qui nous laisse totalement coi ! Alors pour ceux qui l'ont taxé de film hollywoodien, nous répondons qu'ils ne l'ont pas vu sous le même angle. Nous ne voyons vraiment pas en quoi un film tourné entièrement au Mexique sans aucune tête d'affiche (les acteurs sont exclusivement des amateurs !) et une fois de plus dans la langue locale (le yucatèque, une forme moderne du Maya) et sous-titré, aurait un quelconque lien avec un film hollywoodien. Pour les détracteurs des séquences sanglantes, nous pourrons avancer l'argument que là, au moins, c'est justifié. Nul n'ignore qu'à l'époque les sacrifices humains et le cannibalisme étaient une réalité. Mel Gibson n'a fait que les mettre en images et tenté d'apporter une explication à l'effondrement de cette civilisation et à la « facilité » avec laquelle les conquistadors ont réussi à prendre possession de ses terres. Il le met en avant en préambule du film avec une citation de Will Durant, auteur d'une monumentale Histoire de la civilisation en onze volumes, qui apparaît en préambule du film. « Une grande civilisation n'est conquise de l'extérieur que si elle s'est détruite de l'intérieur. » Et nous ne pouvons qu'être d'accord avec la vision de Gibson qui met en relief l'éternel recommencement de la vie, symbolisé par le couple-famille qui survit au massacre et qui va dans la forêt, devant l'arrivée d'une nouvelle horde qui sera sanguinaire elle aussi. Un peu pour dire que l'humanité n'est qu'une histoire d'horreur qui, sans cesse, se répète. Seuls changent les formes et les habillages… Alors, entre l'ange et le démon, nous, nous choisissons l'ange !