De la vocation touristique séculaire de Bou Saâda, forgée depuis le siècle dernier, il n'en reste rien. Plus aucun repère n'est visible, tout semble définitivement anéanti, et rien n'indique que le processus de dépérissement enclenché depuis des années ait connu un quelconque répit. Le dépérissement se poursuit par le fait que les sites qui ont fait sa réputation n'ont pas eu la primeur dans les actions d'aménagement et de restauration enclenchées dans la ville de Bou Saâda. Les assurances du wali de M'sila annoncées à la société civile de cette ville depuis une année, et s'articulant autour de la restitution de la vocation touristique à cette ville, se sont avérées après coup éphémères par le fait qu'aucune action liée à la réhabilitation du secteur touristique n'a été enregistrée durant cette période. Cela s'en trouve être vérifié par les associations en charge de la promotion du tourisme, notamment celle de Nasr Eddine Etienne Dinet, qui a mis en relief l'inventaire macabre de l'état actuel des repères touristiques ou de ce qu'il en reste. A commencer par Oued Bou Saâda, dira Khalil Bensinaj, président de l'association touristique Nacer Eddine Etienne Diner, qui était un lieu d'inspiration des artistes et le point de convergence de milliers de touristes à la recherche d'un dépaysement singulier, est devenu un véritable dépotoir, et ce sont les eaux usées qui ont remplacé les eaux limpides et pures de jadis, qui irriguent ce qui reste de la luxuriante oasis de Bou Saâda. La vieille médina, a-t-il ajouté, n'arrive plus à se soustraire à ses décombres et à ses inextricables problèmes fonciers. L'autre repère évoqué par le président de cette association est la route d'El Allig, qualifiée de Far-West bousaâdien pour ses paysages fantastiques, où pas mal de films ont été réalisés, parmi lesquels Samson et Dalida, Trois pistolets contre César et Le suppléant. Ce Far-West bousaâdien est devenu de nos jours le réceptacle des ordures ménagères où la sacherie dispersée au gré du vent constitue le comble de la laideur d'un espace qui était d'une utilité marchande à un moment donné de la courte histoire de la ville de Bou Saâda. D'autres repères ont été cités par M. Bensrat, tels que Fort Cavaignac, un point stratégique qui permet une vue panoramique pour contempler la splendeur de la cité du bonheur, repère qui a fini par dépérir avec le temps. La Moulin Ferrero n'est plus qu'un souvenir, et toute perspective de développement du tourisme n'est plus à l'ordre du jour du fait que la zone d'expansion touristique (ZET) d'une superficie de 45 ha destinée au redéploiement de l'activité touristique pour la réalisation d'infrastructures d'hébergement (hôtels, motels, auberges, terrains de camping, de loisirs et réception), s'est vu atrophier de 31 ha et détournée à des fins urbanistiques par l'intégration d'une bonne partie dans le cercle des constructions illicites. Face à cette situation pour le moins déplorable, tout porte à croire que la perspective de restituer à Bou Saâda sa vocation perdue donne l'impression d'être sérieusement compromise quand précisément la volonté politique fait défaut.