Hier, l'esplanade de l'université Mentouri a vécu une journée ordinaire. Hormis quelques amphithéâtres déserts, partout ailleurs les enseignants ont assuré normalement leurs cours ignorant le mot d'ordre de la grève lancé par la coordination nationale du CNES. Dénonçant le recul de la tutelle par rapport à ses engagements de juillet 2006 à répondre aux revendications soutenues par le mouvement, notamment l'augmentation des salaires, le CNES a initié une journée de grève pour ce samedi et de deux journées pour la semaine suivante et ainsi de suite jusqu'aux vacances de printemps. En l'absence d'un écho favorable, la coordination du syndicat menace de paralyser de nouveau l'université en faisant entrave aux examens du deuxième semestre. La majorité des campus universitaires ont répondu favorablement à cette initiative, excepté Constantine qui, pourtant, était à l'avant-garde de la protesta. Les luttes intestines qui divisent les rangs du syndicat sont à l'origine de cette conduite. La dynamique inédite créée durant l'année passée a commencé son essoufflement dès la décision du bureau national de surseoir au mouvement suite aux accords avec le ministère. Une décision qui allait fractionner les rangs en une minorité favorable à la reprise, conduite par le coordinateur de la section, et une majorité hostile qui prolonge le mouvement. Les amis d'hier sont devenus les ennemis d'aujourd'hui et le scénario de l'impossible harmonie au sein de la section est reconduit. Néanmoins, le groupe de Bessila, le coordonnateur de la section, a fini par démissionner après avoir obtenu, il y a quelques semaines, le non-lieu dans une affaire de justice face au rectorat. Entre temps, une fatigue générale semble s'être abattue sur l'ensemble des militants, aussi bien les « légalistes » que les « irréductibles ». Le fait nouveau dans cette situation concerne un groupe de quatre membres du bureau, — en désaccord avec Bessila — , qui ont repris l'initiative et tentent depuis cette démission de constituer un nouveau bureau en organisant une assemblée générale. En attendant, l'heure est à la réorganisation à Constantine et beaucoup reste à faire pour remonter la pente et mobiliser de nouveau le potentiel enseignant pour des actions revendicatives.