Installé officiellement la semaine dernière à la tête de la municipalité de Khemis Miliana, Mustapha Kabah, ingénieur de formation et précédemment membre de la commission d'urbanisme, nous a livré quelques volets de son prochain programme. Cet homme qui refusait dans un passé très récent de prendre les commandes d'une commune s'est mis tout de suite dans la peau du personnage, conscient tout de même de la lourdeur de la tâche qui l'attend. Rappelons que la commune de Khemis Miliana, dont la population est estimée à plus de 100 000 habitants, a connu au début de l'année un vaste mouvement de mécontentement initié par de jeunes chômeurs excédés par l'absence de perspectives d'emploi dans cette région où la violence a atteint son paroxysme dans les années 1990. Récemment encore, des voix se sont élevées pour réclamer justice après l'affichage contesté d'une liste de logements. Des remous qui ont fini par avoir raison de l'ex-maire démissionnaire, Ahmed Messous, accusé par les membres de l'APC de prises de décision unilatérales et de mauvaise gestion. Mais gérer une telle commune est-il chose aisée, sachant que cette agglomération baigne depuis des années dans une anarchie quasi totale sur tous les plans. A ce propos, le nouveau président de l'APC fera remarquer que « c'est la première fois que les autorités de wilaya proposent de venir en aide à la commune pour rattraper un retard de plusieurs années », ajoutant que le wali s'est engagé personnellement à apporter son soutien en commençant par mettre à notre disposition des équipements pour une période déterminée qui permettra la mise à niveau de la collectivité, particulièrement en matière d'hygiène et d'environnement. « Mais, continue notre interlocuteur, l'essentiel pour les membres de l'assemblée est de maintenir le rythme avec l'aide de la population. » Les trois priorités Quasiment livrée à elle-même en raison des conflits internes, l'APC de Khemis Miliana, sans maire depuis plus de deux mois, offre au visiteur son aspect hideux, sale, particulièrement dans les quartiers populaires et périphériques. C'est pourquoi l'une des priorités fixées est le nettoyage de la ville, une opération qui a déjà débuté. Le deuxième objectif à atteindre et dont l'urgence est certaine, c'est l'éclairage public. Pour cela, 1000 lampes serviront d'abord à éclairer la RN4, l'avenue Abdelkader Belsaâdi, récemment théâtre d'un crime, et les alentours des mosquées en cette période de Ramadhan. Cette opération coûtera 400 000 DA. Enfin, parmi les préoccupations du nouveau maire et de son équipe, la réorganisation des services qui s'appuiera essentiellement sur la sensibilisation des chefs de service et leur motivation en proposant notamment l'accès à des promotions. Prise en charge du citoyen D'abord, en ce mois de Ramadhan, des actions en direction des citoyens les plus démunis ont déjà commencé. Ainsi, 1500 couffins d'un montant de 1100 DA chacun seront livrés directement à leurs bénéficiaires par des agents désignés par l'APC. Par ailleurs, concernant l'écoute du citoyen, le président de l'APC fera remarquer que « la structure actuelle ne permet pas de recevoir décemment le citoyen » et nous apprendra qu'un nouveau siège est en construction. « Cependant, ajoutera notre interlocueur, nous restons entièrement à l'écoute des doléances en demandant aux administrés de faire montre de patience. » Récupérer les biens communaux en relançant les affaires en justice L'APC de Khemis Miliana a-t-elle les moyens de sa politique ? A cela, son président répondra que l'aide de la wilaya sera déterminante, car la volonté seule ne suffit pas, ajoutant que la commune a besoin de ressources. A ce propos, le collectif compte mener une véritable lutte contre ceux qui accaparent les biens communaux, source de richesse et dont plusieurs se trouvent entre les mains d'une mafia. Ces biens, à titre d'exemple, sont la gare routière, deux salles de cinéma, des entrepôts occupés par l'OAIC, l'ex-marché hebdomadaire... Cette lutte, selon le P/APC, se fera par la relance des affaires en justice. Sur un autre plan, le P/APC signalera la distribution prochaine de 160 logements, mais pas avant que l'affaire des 388 logements étudiée, au sein de l'APW, ne soit entièrement élucidée. Au passage, il regrettera la perte de 30 logements au profit du centre universitaire et espère une compensation par l'octroi d'un quota supplémentaire d'une grande utilité aux personnes démunies.