Pourquoi ne règle-t-on pas les problèmes qui, chaque année, gênent à un titre ou un autre notre voyage au pays ? » De cette question que tout un chacun a à l'esprit, le consul général de Paris, Abderrahmane Meziane Cherif, s'en est fait l'interprète. Paris. De notre bureau Plus de trois heures durant, des représentants associatifs de la communauté algérienne en France ont pu dialoguer de vive voix et en direct avec des responsables d'institutions publiques nationales : Air Algérie, l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs, les Douanes, la Sûreté nationale. Un débat franc, direct, sans concession et constructif avec de nombreuses propositions et informations à la clef. L'initiative de cette rencontre, qui a porté sur la campagne estivale, revient au consul général de Paris, Meziane Chérif. Etaient présents MM. Bouderbala Mohamed Abdou, directeur général des Douanes, Benouis M'hamed Tayeb, PDG d'Air Algérie, Boucenna Rabah, sous-directeur de la Police des frontières maritimes, Lazreg Ali, sous-directeur de la Police des frontières aériennes, Doumi Nabil, représentant général de l'ENTMV Algérie Ferries pour l'Europe. Parmi les absents, les représentants de la CNAN qui n'ont pas répondu à l'invitation qui leur a été faite, a souligné Abderrahmane Meziane Cherif. Des problèmes vieux de plusieurs années, notamment ceux des réservations de billets d'avion et de bateau, de l'accueil à bord et à l'arrivée en Algérie ont été à nouveau évoqués, occupant une large partie de l'après-midi, des griefs donc, mais aussi des notes de satisfaction portant sur des améliorations certaines. Le nœud gordien du problème « …Nous devons les uns et les autres admettre une réalité : ces départs massifs vers les beaux rivages de l'Algérie ne se font pas toujours dans les meilleures conditions », a souligné en préambule à la réunion de travail le consul général de Paris entouré des consuls de la région parisienne (Bobigny, Pontoise, Nanterre et Vitry-sur-Seine). Et d'ajouter : « Ce que nous pourrions appeler ‘'la campagne estivale'' constitue une œuvre collective à laquelle tous les organismes ou institutions ici représentés sont partie prenante. Les usagers, c'est-à-dire nos concitoyens, sont concernés au premier chef. Et à ce titre, ils s'érigent bien souvent en critiques incisifs et intransigeants. C'est non seulement leur droit le plus absolu, mais c'est aussi leur devoir. » Le cadre est ainsi tracé. Très sollicité, le PDG d'Air Algérie a commencé par dire que la compagnie qu'il dirige est prête à s'excuser pour les déboires causés à ses usagers, qu'elle est disposée à tirer les leçons et à corriger les défaillances et lacunes, qu'elle est prête à apprendre de compagnies plus avancées. En réponse à de nombreuses questions sur la non-disponibilité des billets Air Algérie dans des agences de voyages, notamment en province, son PDG a indiqué que 5000 agences de voyages, dont 1500 en région parisienne sont agréées pour vendre le produit de la compagnie nationale. Jouent-elles toutes le jeu ? Sur l'ouverture des ventes pour l'été, M. Benouis a indiqué qu'Air Algérie a déposé auprès de la direction de l'aviation civile française son programme estival portant sur 13 semaines, soit du 23 juin au 24 septembre. Il a relevé une caractéristique du déplacement estival : la quasi-totalité de la clientèle se déplace de France vers l'Algérie du 24 juin au 10-12 août, tandis que le retour pour 70% de cette clientèle s'effectue sur une plage de temps plus courte : 3 semaines, soulignant que 740 000 sièges sont offerts sur 13 semaines. La réponse sur les vols supplémentaires est toujours attendue. Et de dire ensuite : « Ce matin, j'ai donné quand même instruction à l'ouverture des ventes de 40 000 billets supplémentaires », pour ajouter ensuite que les compagnies étrangères ont eu confirmation de leur programme par l'aviation civile algérienne trois jours après leur dépôt. « Ces compagnies peuvent vendre leur produit sans problème. » « Un accord a été pourtant signé l'an dernier entre l'Algérie et la France, représentant également l'Europe. C'est là le nœud gordien du problème », a affirmé le PDG d'Air Algérie. Des efforts ont été demandés à la compagnie aérienne nationale en matière de transport de groupes, de missions de solidarité, pour ce qui est des voyages dictés par l'urgence d'un décès, par exemple. Autant de doléances que le PDG d'Air Algérie a promis d'étudier. Sur les tarifs low coast, il dira que les tarifs sont régis par des règles internationales, négociés au niveau de l'IATA par les compagnies et soumis à l'aviation aérienne de chaque pays. Certaines compagnies ne respectent pas cette règle. Air Algérie est au même niveau tarifaire que les autres compagnies qui desservent l'Algérie. Le gain d'Air Algérie ne dépasse pas 5%. Il a annoncé que très bientôt, d'ici à fin mars, les billets pourront être vendus par internet : « Notre système bancaire ne permettait pas de loger notre compte. Il a fallu trouver une autre banque, c'est la BNP. » Et fin 2007, seront disponibles les billets électroniques. « Nous n'avons pas le choix, si on ne le fait pas, l'IATA nous rejettera. » Pour faire des billets électroniques, il faut que les infrastructures s'y prêtent. Sur le réseau domestique, la compagnie nationale est déficitaire depuis 1962. Air Algérie est l'instrument de la politique nationale de désenclavement du pays. Les tarifs étaient jusqu'ici administrés. La compagnie a réduit son déficit de 3,5 milliards de dinars à 2,5 milliards de dinars. Une filiale domestique avec des avions de 70 places est en création. L'Etat a décidé de subventionner les lignes domestiques déficitaires. « Nous vendons le kilomètre à l'intérieur du pays à 7,50 DA quand les voisins le vendent à 22 et la France à 44 », a souligné Tayeb Benouis.Le transport maritime, les conditions de voyage à bord, les formalités longues et pénibles au débarquement et la cherté des billets ont été passés au crible des questions. Après les griefs, des propositions et des réponses Il n'y a pas eu que des griefs et des critiques, il y a eu aussi de nombreuses propositions. Il faudra relever l'ouverture d'esprit qui a caractérisé les différentes parties à la réunion.Les améliorations apportées par les services douaniers et de police ont été fortement relevées par les représentants associatifs. L'indiscipline des clients a été aussi indexée, comme les réservations prises et non honorées. « Nous sommes arrivés jusqu'à 38% de gens qui ne voyagent pas aux dates réservées. » « Nous faisons tout pour être à la hauteur, aidez-nous en respectant vos réservations », dira Tayeb Benouis. Selon le directeur général des douanes, Mohamed Abdou Bouderbala, les problèmes sont quelquefois liés aux espaces aéroportuaires. Pour faciliter leur accueil, il demande aux voyageurs de faire la déclaration de l'argent en leur possession, cela ne les engage à rien, si ce n'est à leur éviter des désagréments, a-t-il souligné. L'argent transporté et déclaré n'est soumis à aucune limite. Le DG des Douanes a indiqué qu'une fiche de déclaration sera distribuée dans les avions et les bateaux. Il a rappelé l'interdiction formelle de transporter des pièces détachées usagées et suggéré que les tolérances douanières doivent rester des tolérances. Relevant un problème de communication et d'information, il a annoncé qu'un guide comportant toutes les informations pratiques réglementaires est en préparation et sera à la disposition de tout voyageur. « Nous sommes en train d'examiner la réglementation pour faire la différence entre les voyageurs trabendistes et les vacanciers », a, par ailleurs, souligné M. Bouderbala en réponse à une question portant sur l'aménagement d'un couloir réservé aux vacanciers en ce qui concerne le voyage maritime. « Je vais instruire les douaniers et douanières d'avoir le plus beau sourire. Si l'un d'eux fait preuve d'agressivité à l'égard de l'un d'entre vous, faites-moi une lettre circonstanciée, il y a une inspection générale des douanes et des moyens pour sanctionner les dépassements, abus et dérives. » « Je voudrais que les agents douaniers fassent leur travail dans les normes, il y a une limite au zèle. » L'absence d'organismes importants a été pointée, comme par exemple les assurances, a relevé un président d'association. Un autre a déploré l'absence d'une banque algérienne en France pour recueillir les 16 milliards d'euros d'épargne potentielle. Meziane Cherif signale que 46 milliards de dollars d'investisseurs privés algériens sont dans des banques françaises.