Après les déclarations de Saïd Abadou, secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), et de Lakhdar Bouragâa, ancien commandant de la Wilaya VI, dans lesquelles ils tentent de discréditer l'initiative de l'Organisation nationale de lutte contre les faux moudjahidine, Benyoucef Mellouk, qui avait fait éclater le dossier des magistrats faussaires depuis 1992, n'a pas manqué de crier à la manipulation dans cette affaire. Il tient à témoigner ouvertement à propos des faux moudjahidine occupant des postes de magistrat. M. Mellouk invite, mais surtout défie MM. Abadou et Bouragâa à se prononcer sur l'affaire des magistrats faussaires dont ils avaient reçu les dossiers en mains propres. « J'ai remis le dossier des magistrats faussaires faux moudjahidine à Lakhdar Bouragâa devant deux témoins. Il s'agit de Aïssa Bey, ancien vice-président de l'APN, et Rachid Mellak, capitaine de l'ALN dans la Wilaya IV », dira M. Mellouk, reçu hier dans notre rédaction. Il ajoute : « Le même dossier avait été remis à Saïd Abadou à deux reprises, une fois lorsqu'il était ministre des Moudjahidine, en présence de son conseiller Hadj Ben Safer, et la deuxième fois quand il était SG par intérim de l'ONM en présence de l'ancien ministre des Affaires religieuses, Mokrane Abdelhafid, capitaine de la Wilaya III. » M. Mellouk avoue que l'actuel SG de l'ONM lui avait conseillé de se taire pour raison d'Etat. Notre interlocuteur affirme que Bouragâa lui avait promis d'ouvrir le dossier avant qu'il ne se dérobe, voyant que l'affaire touche des personnalités très influentes dans le pouvoir. M. Mellouk appelle ces deux personnalités à se prononcer devant la presse par respect au serment donné au peuple et aux martyrs. « Mais c'est un clan d'intérêts », déplore M. Mellouk. Il répond également à Saïd Abadou qui demande à remettre ces dossiers à la justice : « La presse avait déjà débusqué sur ses colonnes des noms avec documents à l'appui. Résultat : Mellouk et le défunt Abderahmane Mahmoudi (en sa qualité de directeur de publication de L'Hebdo Libéré) et d'autres journalistes avaient été emprisonnés. » L'ancien cadre au ministère de la Justice défie Saïd Abadou et Lakhdar Bouragâa concernant cette affaire, rappelant à ce sujet le verdict du président Bouteflika qui, en juin 2000 à Oran, lors de la réunion avec les walis, lança : « 50 % des dossiers se trouvant au ministère des Moudjahidine sont falsifiés. » A souligner que l'Organisation nationale de lutte contre les faux moudjahidine compte plusieurs noms importants, à l'instar du fils de Mustapha Ben Boulaïd, le fils du colonel Mellah, le colonel Abid, Ahmed Bensaïd et d'autres officiers de l'ALN et des enfants de chouhada.