Mme Khira Taleb est consultante en communication sociale, genre droit des femmes. Plutôt que féministe, elle préfère se qualifier, d'un ton euphémique, comme une femme engagée, mais pas enragée. Une expression qui en dit long sur son parcours politique et professionnel. Son violon d'Ingres, combattre pour essentiellement libérer la femme rurale. Vous avez toujours occupé le terrain pour défendre des causes justes, mais d'aucuns auront remarqué votre volatilisation depuis les dernières présidentielles ; avez-vous tout laissé tomber ? Du tout, j'ai tout simplement opté volontairement pour un recul qui n'a aucun rapport avec une affaire relationnelle. Tlemcen, qui regorge de potentialités, demeure mon point de chute, mais, j'avoue que pour les projets, je n'ai pas trouvé un partenaire de travail, pas de vis-à-vis. Et puis, il faut dire honnêtement que la conjoncture sécuritaire aidant, les gens n'ont pratiquement plus besoin de mon soutien. Mais, rassurez-vous, je mène toujours mon combat pour le développement de la femme rurale (analphabétisme, égalité des chances…) ailleurs qu'ici, mais toujours en Algérie. Vous organisez des conférences dans notre pays et à l'étranger, vous assurez toujours la prise en charge des victimes de traumatismes de violence, en collaboration avec notamment l'UNICEF mais, vous ne donnez pas toujours l'impression d'être satisfaite, votre intransigeance, en plus, ne laisse pas indifférents les gens ? J'ai toujours assumé mes idées, je n'ai jamais mis de gants pour dire ce qu'il faut, mais toujours à juste titre. Ai-je tort quand j'affirme que la machine à coudre qu'on offre en grande fanfare à la femme rurale est du folklore ? Cela ne crée pas d'emploi puisque l'argent du produit va à l'homme… Ce n'est pas un projet de société. Il faut évoluer avec son temps. Comment être satisfaite quand, après des séminaires, des congrès, des réunions, on sort toujours avec des recommandations, sans toutefois penser à l'évaluation ? Au risque de nous faire gronder, c'est quoi être femme algérienne, aujourd'hui ? Notre société a subi des mutations structurelles profondes. Des phénomènes sociaux nouveaux ont émergé à la surface de la vie quotidienne. Des attitudes, des sensibilités et des comportements nouveaux expriment les mutations survenues au niveau des mœurs. Je dirais globalement que dans ce contexte, il y a une prise de consciences de l'importance de l'insertion des femmes dans la société, en dépit des résistances plus familiales que sociétales. Et notre gouvernement s'efforce de développer l'insertion de la jeune fille en prenant des mesures d'encouragement. C'est de bon augure toute cette évolution. A vous de nous définir, vous les hommes !