Le débat sur l'amendement du code de la famille ne laisse pas indifférente la société civile, particulièrement la présidente de la région ouest de l'Association algérienne pour la planification familiale, Mme Khira Taleb. « Les amendements du code de la famille reposent sur la réalité de la cellule familiale actuelle, la liberté du choix, le respect de l'autre. En un mot, essayer de rétablir l'équilibre de la famille. » Et, comme pour riposter à ceux qui s'opposent à ce changement, Mme Taleb contre-attaque : « Aujourd'hui, nous sommes amenés à nous poser de nombreuses questions car, dès que nous parlons de la femme, des droits de la femme, certains groupes se dressent en gardiens de la morale. » Et de s'interroger : « Où étaient ces personnes quand la femme algérienne était violée, égorgée, meurtrie et bafouée dans sa dignité, son honneur ? A ma connaissance, il n'y a jamais eu de fetwa pour sauvegarder l'honneur de cette femme qui, une fois abusée, battue et répudiée, se retrouve à la rue, si ce n'est l'Etat qui la prend en charge au sein de ses nombreux centres d'accueil pour femmes en détresse. » Apparemment, la rage de la présidente de l'association est immense. « Mais où sont-ils ces redresseurs de la moralité devant toutes les injustices que subit la femme ? Il semble que ces redresseurs de tort s'offusquent du fait qu'il n'y aura plus de tuteur pour la future mariée ; mais quand nos aînées prenaient le maquis avaient-elles besoin de l'avis d'un quelconque tuteur ? N'étaient-elles pas mineures elles aussi ? A ce moment, il n'y avait pas de conflit homme /femme. Il y avait la patrie, la nation avant ! Pourquoi faire du code de la famille un tremplin pour satisfaire une ambition démesurée ? Pourquoi faire de l'agitation à un moment où notre pays a besoin de stabilité et où le Président prône la concorde nationale et la paix sociale ? » Lors de sa conférence portant sur le « nouveau » code de la famille, Mme Taleb l'a crié fort : « Nous ne sommes pas des salonnardes. Nous sommes des filles de bonne famille ayant été élevées dans le respect des traditions et le respect de l'être humain. » Mme Taleb, que le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qualifie de « consultante nationale contribuant grandement par son travail à une meilleure connaissance du mouvement associatif en Algérie, ainsi qu'en matière de définition de stratégies de gouvernance locale et de communication sociale », souligne pour conclure : « En novembre 2000, nous avons fait la marche mondiale des femmes. Le slogan était “Contre la violence, contre la pauvreté''. En octobre 2004, nous marcherons pour sauvegarder nos droits dans notre pays. »