En 2007 et en partenariat avec « Global Right », un ensemble d'ONG et d'avocats d'Algérie, du Maroc et de Tunisie, Mme Khira Taleb, qui est consultante en communication sociale, genre droit des femmes, a lancé une série de consultations communautaires à l'adresse des femmes de leurs régions, âgées entre 17 et 80 ans. Réfutant le terme de féministe, elle se considère simplement comme une femme engagée « mais pas enragée », une expression qui en dit long sur son parcours politique et professionnel. Son violon d'Ingres : combattre pour essentiellement libérer la femme rurale. Vous avez toujours occupé le terrain pour défendre des causes justes, mais d'aucuns auront remarqué votre volatilisation depuis les dernières présidentielles ; avez-vous tout laissé tomber ? Du tout, j'ai tout simplement opté volontairement pour un recul qui n'a aucun rapport avec une affaire relationnelle. Tlemcen, qui regorge de potentialités, demeure mon point de chute, mais j'avoue que, pour les projets, je n'ai pas trouvé un partenaire de travail, pas de vis-à-vis. Et puis, il faut dire honnêtement que la conjoncture sécuritaire aidant, les gens n'ont pratiquement plus besoin de mon soutien. Mais, rassurez-vous, je mène toujours mon combat pour le développement de la femme rurale (analphabétisme, égalité des chances…), ici et là, mais toujours en Algérie. Vous organisez des conférences dans notre pays et à l'étranger, vous assurez toujours la prise en charge des victimes de traumatismes de violence, en collaboration avec, notamment, l'UNICEF mais vous ne donnez pas toujours l'impression d'être satisfaite ; de plus, votre intransigeance ne laisse les gens indifférents ! J'ai toujours assumé mes idées, je n'ai jamais mis de gants pour dire ce qu'il faut, mais toujours à juste titre. Ai-je tort quand j'affirme que la machine à coudre qu'on offre en grande fanfare à la femme rurale est du folklore ? Cela ne crée pas d'emploi puisque l'argent du produit va à l'homme… Ce n'est pas un projet de société. Il faut évoluer avec son temps. Comment être satisfaite quand, après des séminaires, des congrès, des réunions, on sort toujours avec des recommandations, sans toutefois penser à l'évaluation ? Aussi naïvement que cela puisse paraître, c'est quoi être femme algérienne aujourd'hui ? Notre société a subi des mutations structurelles profondes. Des phénomènes sociaux nouveaux ont émergé à la surface de la vie quotidienne. Des attitudes, des sensibilités et des comportements nouveaux expriment les mutations survenues au niveau des mœurs. Je dirais globalement que, dans ce contexte, il y a une prise de consciences sur l'importance de l'insertion des femmes dans la société en dépit des résistances plus familiales que sociétales. Et notre gouvernement s'efforce de développer l'insertion de la jeune fille en prenant des mesures d'encouragement. C'est de bon augure toute cette évolution. A vous de nous définir, vous les hommes !