Hier, en début de matinée, une centaine de travailleurs du CMA ont de nouveau observé un sit-in devant le siège de la direction générale. « Cela fait presque 14 mois que l'entreprise est à l'arrêt et plus d'un mois que les travailleurs ne travaillent pas et personne n'a levé le petit doigt », se désole le président du conseil de participation (CP), qui a animé hier, aux côtés du secrétaire général du syndicat d'entreprise, une conférence de presse au siège du complexe. Sidi Bel Abbès : De notre correspondant Des représentants du CP déclarent avoir frappé à toutes les portes pour stopper le processus de « mise à mort » de l'entreprise. Selon M. Naceri, secrétaire général du syndicat, l'entreprise qui emploie quelque 400 travailleurs a cessé toute production depuis plus d'une année. « Le conseil syndical insiste sur l'intervention du premier responsable du portefeuille, M. Dehimi, président du SGP Equipag, pour relancer l'activité », a-t-il souligné. « Après plus d'un mois de contestations, aucun responsable n'a daigné se déplacer à Sidi Bel Abbès pour s'enquérir de notre situation », ajoute M. Naceri. « C'est du mépris », s'écrie un autre syndicaliste. Les syndicalistes qui réclament le redressement de l'entreprise dénoncent, en outre, l'absence d'un plan de charge à même de relancer la production au niveau d'un important complexe industriel de l'Ouest. « Plusieurs centaines d'emplois sont menacés de disparition si jamais les pouvoirs publics ne réagissent pas promptement en engageant des mesures urgentes de sauvetage de l'entreprise », avise le syndicat. Pour de nombreux employés, les salaires sont perçus difficilement, chaque fin de mois, en raison d'un problème récurrent de trésorerie. « Nous avons des familles à nourrir ! Si par malheur on continue à faire la sourde oreille, la contestation prendra alors une tout autre tournure », menace une employée, la cinquantaine. « On est en mesure de diversifier notre production et d'opter pour des gammes de produits différents, autres que les moissonneuses-batteuses. Que les pouvoirs se remémorent la décennie noire : le CMA réalisait alors des blindages pour les engins de l'ANP, quand l'Algérie était sous embargo. Et Aujourd'hui ?! », lâche une des ses collègues, présente à la conférence de presse. M. Naceri confirme en précisant qu'avec l'ancien DG, l'entreprise est parvenue à vendre 30 gammes de produits. Des palettes ont été livrées à Naftal alors qu'elles étaient importées d'Espagne, des bennes-tasseuses également au profit des collectivités locales, indique-t-il à titre d'exemple. « L'actuel directeur doit partir puisqu'il est incapable de gérer l'entreprise et d'assurer un fonctionnement normal », estime-t-il. Du côté de la direction générale, l'on affirme que le problème du CMA est « structurel, donc de marché ». « Depuis sa création, le CMA n'a jamais été bénéficiaire et continue à accumuler des résultats négatifs aggravant davantage sa situation financière », précise le PDG, M. Alloua. Il affirme, à ce propos, que depuis 1994, le complexe n'a vendu sur le marché local, en moyenne et par an, que 27 moissonneuses-batteuses et 71 ramasseuses-presses. « La situation critique de l'entreprise a été portée par la SGP Equipag au plus haut niveau et des décisions ont été prises par les pouvoirs publics. Ces décisions sont en voie d'exécution et concernent des mesures encourageantes de financement des produits CMA », note-t-il.