Sur la RN3 menant vers la ville d'El Khroub, à quelques encablures de la cité du 4e km, une clôture en pierres, érigée depuis deux années, cache un décor vague. Sur le terrain qui abritait le tristement célèbre bidonville « New York », éradiqué en 2002, un projet semble traîner et risque de rester à l'état d'éternel chantier. A l'entrée, la stèle de marbre marquant la pose de la première pierre a déjà disparu. Plus rien n'évoque un événement, pourtant fêté en grande pomps. Visité par le président de la République lors de son passage à Constantine le 20 janvier 2004, le projet du complexe de sports et de loisirs qui devait occuper le terrain de l'ex-bidonville s'est réduit, comme une peau de chagrin, à la plus simple de ses expressions. Le projet qui occupe un vaste terrain de plusieurs hectares entouré d'un long grillage, demeure toujours à son état primitif malgré les ambitions nourries pour en faire une aire de distraction et d'évasion au profit des constantinois pour un coût dépassant 44 millions de dinars. Sur place, tout ce qui a été réalisé se limite à une longue clôture, une esplanade quelconque entourée de quelques peupliers et des coins ouverts aux quatre vents, où les vagabonds y trouvent refuge. En dépit du problème du foncier que les autorités de la ville évoquent à chaque fois que des projets sont soumis à l'étude, les assiettes des bidonvilles éradiqués depuis cinq ans sont restés inexploitées. Pourtant, les élus et autres directeurs exécutifs, chargés à l'époque de l'évacuation des populations, avaient promis monts et merveilles. Sur l'ensemble de ces terrains, dont certains se trouvent à quelques encablures du centre-ville, la plupart sont dans un état déplorable. « On a déplacé la population pour nous laisser un terrain marécageux qui défigure tout le paysage et offre un lieu propice à la multiplication des rongeurs et des reptiles à quelques mètres des villas, et de surcroît derrière une maison de jeunes », déplore un habitant de la cité du Mansourah qui exprime aussi le ras-le-bol des riverains qui ont assisté impuissants à la naissance d'une décharge sauvage à la place des bidonvilles. Un fait similaire dénoncé aussi par les citoyens de la cité Emir Abdelkader, qui disent ne pas comprendre la manière avec laquelle les services de la commune de Constantine ont agi dans le cas de l'ancien bidonville Gance. Ce dernier, évacué en 2003, est devenu une immense « poubelle » pour toutes sortes de déchets, y compris ceux dangereux pour la santé publique. C'est le constat qui a été confirmé par l'Association pour la protection de la nature et de l'environnement (APNE), dont une équipe a découvert, il y a environ deux mois, des déchets hospitaliers et pharmaceutiques toxiques. Les fumées des ordures brûlées ainsi que les résidus véhiculés par les eaux de pluie ne cessent d'empoisonner le quotidien des habitants de l'Emir Abdelkader. Mis à part le terrain Tennoudji, choisi pour abriter la station motrice du projet du téléphérique, aucune réalisation n'a pu être concrétisée sur ces terrains, malgré les discours prometteurs des responsables de la ville, pas même la célèbre maison de l'artisanat prévue sur le terrain Tennoudji, et qui a fait rêver tant de monde, pour s'avérer être une simple illusion.