La petite radio associative, créée il y a 20 ans par une poignée de jeunes Français issus de l'immigration algérienne, dont Samia Messaoudi et Nacer Kettane, occupe aujourd'hui une place médiatique certaine. Plus qu'une radio communautaire, Beur FM se veut une radio généraliste avec un cahier des charges d'une radio traditionnelle. Bien que ses auditeurs se situent principalement dans la communauté maghrébine de France, et hors de France, dans les pays du Maghreb, les promoteurs de l'ex-Radio Beur, devenue Beur FM, s'efforcent chaque jour de repousser les frontières de son impact dans tous les sens du terme : géographiques, culturelles, ethniques… Beur FM se veut être une radio à vocation généraliste, la radio de « la diversité à l'image de la France d'aujourd'hui, un lieu de débat et d'échange, dans un esprit de tolérance et de pluralité », relève son PDG, Nasser Kettane. Trois missions lui sont assignées : informer, divertir et cultiver de façon « laïque et indépendante ». Sa diversité se reflète y compris dans la composition de ceux qui la font (animateurs, journalistes, techniciens, commerciaux…), se plaît à souligner Nacer Kettane. La radio dispose de 17 stations réparties sur le territoire français. Elle émet sur Paris et l'Ile-de-France, Aix-Marseille, Bourges-Vierzon, Valenciennes, le Mans, Toulon, St-Etienne, Grenoble, Nîmes-Alès, Perpignan, Toulouse… Elle représente 1,8% de parts du marché français et représente un impact de 1,8 million d'auditeurs. C'est une des radios les plus écoutées au Maghreb. La radio dispose de cinq régies publicitaires avec un portefeuille de 3 millions d'euros par an. Elle dispose de quatre web radio. Pour célébrer ses 20 ans, Beur FM a organisé samedi soir un grand concert au Zénith de Paris qui a regroupé 25 artistes. La recette a été offerte aux associations Une chorba pour tous et AC le feu de Clichy-sous-Bois. Au cours de ce concert, des hommages à des artistes disparus comme Dahmane El Harrachi, Brahim Izri, Matoub Lounès, cheb Hasni et cheikha Rimitti ont été rendus par d'autres artistes. Se sont produits notamment Rachid Taha, Khaled, Mohamed Lamine, Takfarinas, Akli D., Réda Taliani, qui ont électrisé une foule de jeunes débordant de vitalité, tandis que les plus âgés écoutaient, sagement assis sur leur siège, des rythmes de leur jeunesse ou suivaient des rythmes plus modernes aux paroles relevant du contexte actuel par de jeunes rappeurs. L'évocation de discriminations, de la malvie, par ces artistes qui sont leurs enfants ou petits-enfants, leur font hocher la tête, tandis que la rage de vivre et la note d'espérance que ces derniers dégagent illuminent leur visage. Il y a aussi ce clin d'œil appuyé au pays d'origine de leurs « vieux ». Pour marquer également ses 20 ans, Beur FM organise le 3 avril prochain avec le concours de Radio France un colloque portant sur « Médias : le défi de la diversité ». Il faut dire que Beur FM, né du combat militant de ses fondateurs pour l'égalité des droits et la citoyenneté, a toujours et continue d'accompagner ce combat dont elle se veut un vecteur de débat.