A l'origine du drame, la mort, la nuit précédente, d'un homme, B. F., 33 ans, abattu par les gendarmes alors qu'il tentait de forcer un barrage. L'homme se trouvait à bord d'un véhicule de marque Renault Mégane en compagnie de deux autres individus quand, vers 23h30, arrivé au barrage de la gendarmerie situé à 150 m de la brigade à la sortie sud de Kaïs, le chauffeur a appuyé sur l'accélérateur ignorant les signes réglementaires. Ces faits nous ont été confirmés par le colonel Mammeri Ahmed Toufik, commandant du 5e commandement régional de la gendarmerie de Constantine, qui a ajouté que « l'un des six gendarmes formant le barrage a tiré une seule balle en visant le pneu pour immobiliser le véhicule. La balle a malheureusement atteint le passager assis à l'arrière à la tête ». Le véhicule poursuivra sa cavale jusqu'au secteur sanitaire pour déposer le blessé qui décédera quelques heures plus tard. Entre temps, l'un des passagers qui a quitté le véhicule pour s'enfuir a été arrêté par les gendarmes qui l'ont trouvé en état d'ébriété, fait remarquer le commandant régional. Quant au chauffeur, il sera ramené le lendemain par son patron et les premiers tests ont fait ressortir qu'il se trouvait lui aussi en état d'ivresse. Notre source affirme que dès l'enregistrement du décès, le responsable de la brigade est allé en compagnie des notables de la ville voir le président de la commune (la victime étant un parent à lui) pour anticiper la colère des parents, sachant la sensibilité de la population de la région. Mais le lendemain, la population n'a pas digéré l'acte et les premiers attroupements ont été signalés vers 9h30. La foule grossissante a commencé à attaquer la brigade par des jets de pierres sans recevoir aucune riposte de la part des 17 gendarmes qui ont fermé les portes, selon le commandant. Par la suite, les assaillants ont forcé carrément les deux portes en fer et pénétré dans l'enceinte, ciblant le matériel et occasionnant des dégâts, notamment le saccage de six véhicules dont la Mégane. Les gendarmes retranchés dans leurs bureaux ont été pris de panique et commencé à utiliser les bombes lacrymogènes et à tirer des balles en caoutchouc. Devant la persistance des émeutiers, l'alerte a été donnée et en moins de 30 minutes les fourgons blindés du groupe d'intervention de Khenchela sont arrivés. Les jeunes ont commencé à prendre la fuite. Des tirs à balles réelles (des balles perdues selon le colonel Mammeri) ont atteint un jeune homme, le blessant mortellement, alors que six autres ont été légèrement blessés. Du côté de la gendarmerie, on déplore aussi six blessés. L'émeute s'est calmée par la suite vers 14h, malgré quelques échauffourées enregistrées dans la ville. Le wali de Khenchela s'est déplacé à Kaïs et beaucoup d'efforts ont été déployés pour éviter le pire.