Détestés, haïs, hués, conspués, traités d'agents à la solde d'un système répressif, les gendarmes n'ont pas bonne image dans l'opinion générale. Accusés de tous les maux, à commencer par la célèbre hogra qui, d'après la chronologie, serait une invention de ces services de sécurité, accusés de travailler avec les pilleurs de sable, de couvrir de gros trafics, de se servir les premiers et de traiter les populations avec mépris, les darkis ont probablement le métier le plus difficile du pays. Dénommés « les petits hommes verts » dans le Nord de par leur comportement extraterrestre envers les terriens, surnommés « les Afras » dans le Sahara de par les couleurs de leur 4 x 4 qui les fait ressembler à des paquets de mauvaises cigarettes, les gendarmes sont régulièrement la cible d'attaques meurtrières, comme les 7 de Takhoukht, séquence d'une longue série arithmétique d'embuscades qui les visent particulièrement. Cibles des émeutiers kabyles, des jeunes en colère d'autres régions, les gendarmes viennent récemment de se faire attaquer par des émeutiers à Khenchela. Pour toute réponse à cette colère consécutive à la mort d'un citoyen tué par un Darki, le commandement de la gendarmerie a expliqué après l'accident déclencheur que le conducteur avait forcé le barrage et le gendarme avait atteint la tête en visant le pneu. Ce qui est vrai. Mais cette explication rappelle la balle perdue dans une brigade de gendarmerie en Kabylie qui avait déclenché une année d'émeutes dans la région sans pour autant en situer les responsabilités réelles. Corps d'élite parmi l'élite professionnelle, les gendarmes pèchent pourtant souvent par un certain amateurisme. Pour lâcher une balle perdue à l'intérieur d'une brigade sur un innocent, pour atteindre une tête en visant un pneu, il y a problème. 15 ans après la naissance du terrorisme, faut-il former les gendarmes au tir ?