Au lendemain de l'une des actions de résistance les plus spectaculaires, menées par les résistants palestiniens contre une position militaire israélienne, dans le sud de la bande de Ghaza et de la mort de deux Israéliens dans le village de Sderot, situé à l'intérieur même du territoire israélien, à la lisière de la bande de Ghaza, par une roquette artisanale de type Qassam, les troupes militaires israéliennes ont envahi le nord de la bande de Ghaza. Mais ce n'est là que le prétexte commode qu'utilise Israël et qu'admettent malheureusement certaines capitales occidentales promptes à falsifier les faits et à occulter encore une fois le rapport occupant-occupé. Il y a lieu en effet d'aller au fond de la stratégie israélienne qui envisage une séparation unilatérale et sans négociation avec les Palestiniens, et les plus hauts responsables israéliens mettent en rapport les attaques qu'ils ordonnent, et la réoccupation des territoires palestiniens au moins jusqu'à la fin de l'année prochaine. C'est ainsi que la localité palestinienne de Beit Hanoun subit de nouveau l'occupation israélienne depuis son invasion mardi par des blindés et des chars israéliens avec comme trait caractéristique de l'occupation, le couvre-feu. C'est la huitième agression israélienne d'envergure dans la région depuis le début de l'Intifadha. Ce secteur, riche en terres agricoles et en arbres fruitiers, a déjà subi de grands dommages du fait de l'occupation israélienne. Les bulldozers israéliens avaient transformé ses vergers en zones désertiques dans le but justement d'empêcher les tirs de Qassam sur les localités israéliennes les plus proches. Il en a résulté une véritable catastrophe économique et écologique. Cette fois, les militaires israéliens ont annoncé qu'ils resteront sur place pour longtemps afin de garantir la sécurité de ces localités. D'après des responsables israéliens, cette région du nord de la bande de Ghaza constituera une « zone de sécurité ». Les militaires israéliens ont commencé à construire des positions fortifiées tout autour de la ville. Les bulldozers ont arraché des centaines d'oliviers qui avaient échappé à ce sort lors des précédentes incursions. L'infrastructure de base a aussi été très endommagée. Des portions non négligeables de routes ont été défoncées. Jeudi, l'armée israélienne a mené plusieurs incursions dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie. Un enfant de 9 ans a été tué par des tirs israéliens à Rafah au sud de la bande de Ghaza. Le même jour, un résistant a succombé à ses blessures de la veille lors d'un accrochage avec les soldats israéliens à Beit Hanoun. Une dizaine d'autres ont été blessés par des éclats de roquettes lancées par des hélicoptères d'assaut de type Apache qui survolent la région d'une façon presque continue depuis le début des récents événements. En Cisjordanie, les troupes israéliennes ont investi Ariha, la seule ville palestinienne encore inoccupée depuis le début de l'Intifadha en septembre 2000. Ils y ont arrêté plus de 35 personnes avant de s'en retirer quelques heures plus tard. Au plan diplomatique, le président palestinien, confiné dans ses bureaux de la Moukataâ à Ramallah depuis plus de deux ans, avait reçu, mardi, Michel Barnier, le ministre français des Affaires étrangères. Cette visite qui avait suscité l'opposition du gouvernement israélien a été ressentie du côté palestinien comme un soutien non négligeable du gouvernement français au président Yasser Arafat. Le ministre français, qui doit effectuer une visite en Israël dans quelques semaines, a déclaré jeudi à Paris, après son retour des territoires occupés, qu'il a « trouvé un homme qui souffre incontestablement de la situation dans laquelle on le maintient ». M. Barnier estime que cette situation n'était « pas très digne » pour « le chef reconnu et légitime des Palestiniens ». Le ministre a réaffirmé que les Européens, « en particulier la France », estiment qu'il n'y a « pas d'accord (possible) sans Yasser Arafat et encore moins contre lui ». L'objectif de cette visite était « de dire, très franchement, selon M. Barnier, qu'on ne peut faire la paix sans les Palestiniens ou en les ignorant ». Mais cet appui demeure insuffisant au regard de l'effroyable parti pris en faveur d'Israël, en guerre contre tout ce qui incarne la légalité internationale, à l'image de la Cour internationale de justice (CIJ) qui s'apprête à rendre son verdict sur la légalité du fameux mur israélien, véritable frontière de fait.