Les bus desservant la ligne Sétif-Bendiab (daïra de Guidjel) ne desservent qu'une partie de l'itinéraire. Le terminus est, de fait, à Bir Labiod et les 8 à 10 km qui restent à parcourir le sont, soit à pied, soit en taxis“ fraude“ qui sont les seuls à assurer la liaison. En faisant leur demi-tour empressé à Bir Labiod, les bus s'en vont stationner à Guidjel pour au moins une heure dans l'attente d'une hypothétique clientèle. Les transporteurs privés ne s'inquiètent guère pour les habitants du douar Lekbir. Ces derniers doivent se débrouiller comme ils peuvent. Les enseignants et les employés qui exercent dans le douar ont eux aussi recours au système D pour rejoindre leurs postes de travail. « Les nombreux collégiens scolarisés à Bir Labiod sont les plus lésés », se plaignent quelques rares parents ainsi que des enseignants dépités par cette situation interminable. Trois voyages sont nécessaires pour les transporter, les privés les délaissent et le bus de la commune, assurant le transport scolaire, ne fait qu'un voyage à 7 h et ils sont obligés de le prendre et de patienter jusqu'à ce qu'arrive l'heure des classes ou de ne pas aller à l'école. D'ailleurs, les potaches ont eu droit à des vacances supplémentaires, parce qu'une vitre de ce bus a été cassée et la commune les a fait payer en supprimant le transport durant presque un mois. Partis se plaindre aux autorités locales compétentes, les potaches auraient été rabroués et menacés par ces dernières : « Nous sommes partis à Ras El Ma pour nous plaindre au maire du problème du transport. Il nous a nargués. Nous avons dû ramener nos parents au CEM pour justifier l'absence durant cette journée », racontent, quelques potaches habitant douar Lekbir . Des établissements de la région ont dû se plier et organiser leurs horaires en concordance avec ceux des bus pour que ces derniers soient bien remplis. Ces citoyens sont, selon leurs dires, ignorés des responsables et ne semblent pas faire partie du monde moderne. Les gestionnaires ne jugent pas utile de s'occuper du règlement des problèmes et des préoccupations des habitants de ce territoire enclavé. Habiter douar Lekbir est synonyme de « masse négligeable ». Les transporteurs sont à l'affût du gain et sacrifient la scolarité de ces enfants sans aucun remords et personne n'a le souci de les contrôler, ni de les obliger à assumer leur cahier des charges.