Bien qu'il soit de mise partout, le phénomène des constructions qui amochent la capitale sont plus présents au centre-ville que dans les communes limitrophes, où se concentrent des constructions ayant plus d'un siècle d'âge. Alger recèle, assure-t-on, pas moins de 400 000 unités dont pas moins de 20% présentent des risques réels sur les habitants. Il n'y a pas un lieu qui en soit épargné et pour s'en convaincre, il suffit de parcourir les grandes artères de la capitale. La Parisienne située au 8, rue sergent Addoun (ex-Monge), dans la commune d'Alger-Centre, en est l'exemple le plus cité. Touchée par les différents séismes, notamment celui du 21 mai 2003, cette construction de style colonial, comme on en voit plusieurs au centre-ville, n'a pas été réellement prise en charge malgré son aspect hideux. L'APC, assure-t-on, a accéléré l'expulsion de ses occupants et des travaux auraient dû être engagés par des ouvriers chinois, mais ces derniers ont vite abandonné. Une ressortissante française aurait été déboutée par la justice dans son souhait de réhabiliter la bâtisse. Du côté de l'APC d'Alger-centre, c'est le black-out total au sujet des tenants et aboutissants de cette situation. De ces immeubles qui défigurent la capitale, la commune de Belouizdad n'en est pas exempte. Les exemples ne manquent d'ailleurs pas : plusieurs bâtisses publiques offrent une façade avachie, avec des fenêtres brinquebalantes, menaçant de s'arracher et s'écrouler à tout instant à la rue Belouizdad, Titah, les Fusillés, Chopin, etc. Le vice-président chargé de l'urbanisme, Tayeb Abdellah, assure que le « tissu urbain est touché. Des immeubles seront pour cela détruits ».Celles qui l'ont été « seront transformées en placettes », nous a-t-il assuré en nous citant l'exemple des 18 et 83 rue Belouizdad dont les opérations de démolitions seront engagées incessamment après « règlements des questions juridiques et techniques pendantes et en concertation avec la wilaya déléguée. Mais la rue Belouizdad n'est pas notre seul souci ». Sidi M'hamed, tout proche, est également touché. Les cinémas Musset et le Titanic, abandonnés, offrent ainsi un aspect des plus hideux. S'y ajoutent les constructions autour du boulevard Aïssat Idir dont les travaux tardent à se concrétiser, ou encore les locaux d'une association, selon certains, se trouvant près de la place du 1er Mai et en face du jet d'eau, complètement abandonnés. A l'APC, on se contente de dire que les bâtisses en question seront prises en charge après règlement des « questions juridiques en suspens ». Autre exemple, autre désagrément : un immeuble faisant partie du secteur sauvegardé de La Casbah est là, narguant les passants. L'immeuble attenant au marché Lallahoum, dont il ne subsiste qu'un pan, fait peser une menace réelle sur les citoyens qui fréquentent ce marché aménagé par l'APC, pour mettre fin à l'anarchie qui y est toujours présente. La commune, nous fait-on savoir, a dépêché ses ouvriers. Ceux-ci n'ont fait que la moitié du travail puisqu'un pan est toujours là, faisant peser un danger sur les passants. Pis, les commerçants n'ont toujours pas quitté les locaux situés au rez-de-chaussée de l'immeuble : ils y activent toujours. Leur clients empruntent souvent la galerie d'ombre de l'immeuble qui donne sur ce que les spécialistes appellent la Cardo-documanus romaine. Comment protéger ces immeubles qui ceinturent La Basse-Casbah, que le visiteur voit en premier ? Selon la loi du 15 juin 1998, relative à la protection du patrimoine culturel, l'Etat peut en faire l'acquisition à l'amiable, par voie d'expropriation pour cause d'utilité publique, par application du droit de préemption ou encore par voie de donation. La commune de Bab El Oued est concernée elle aussi par ces devantures ternes. A peine le coup de peinture apposé sur ces façades, elles redeviennent sales. Pour certains responsables, la raison en est la colocation. Ayant acheté leur appartement, les locataires qui n'ont pas de syndic « sont restés sur leur réflexes d'avant ». Il importe de noter qu'un « plan lumière » est prévu par l'Epic Erma pour redonner l'espoir aux Algérois. Ce plan, « visant à produire un système global et cohérent d'éclairage », prévoit la prise en charge du centre de la capitale. En plus des grands boulevards, 40 bâtiments publics seront touchés par ces opérations qui ne seront, toutefois, pas effectives avant une année.