Des marchés bidonvillisés portent atteinte au paysage urbain, au nez et à la barbe des responsables locaux. Ses marchés « bidonvilles » implantés dans plusieurs communes amochent davantage le paysage urbain, déjà détérioré, d'Alger. Ces bazars anarchiques autorisés par les autorités locales n'ont rien à envier aux sites des bidonvilles. La seule différence entre les deux, c'est que les premiers ont eu le feu vert des responsables locaux et leurs locataires y exercent dans la légalité, alors que les seconds sont habités et construits illégalement par des citoyens en quête de logements. Plusieurs communes sont touchées par ce phénomène sous l'œil bienveillant des autorités communales. A La Casbah, l'APC a eu « l'ingénieuse » idée de réaliser un « méga-marché » de proximité avec des tôles et des barres de fer à la place des Martyrs ; un site pourtant historique, classé patrimoine mondial. A travers ce bazar les responsables locaux ont voulu réunir les marchands anarchiques dans un seul espace, mais les vendeurs ont plutôt décuplé et la situation devenue incontrôlable. A Bouzaréah, un bazar anarchique a été implanté à côté d'un marché communal en construction. Ce projet comportant des centaines de locaux commerciaux est à l'arrêt depuis des années, laissant place à des gourbis d'un autre âge. Les responsables locaux continuent de fermer les yeux malgré la menace qu'il fait peser sur la vie des clients, à cause notamment des branchements électriques anarchiques. Même constat à Kouba, où un marché bidonville a été réalisé par la commune à proximité de la station de bus de Ben Omar. Bien que les travaux de construction d'un centre commercial moderne viennent d'être achevés, rien ne prédit l'éradication des baraquements. A Réghaïa, à l'est d'Alger, c'est carrément un site bidonville situé à l'entrée de la ville qui a été transformé en marché communal. D'autres municipalités de la capitale connaissent également ce problème, entre autres à Ben Aknoun, Bachedjerrah, Mohammadia et Mahelma. Des communes où des marchés bidonvillisés portent atteinte au paysage urbain, au nez et à la barbe des responsables locaux. Pis encore, ces bazars sont dépourvus de toutes les commodités dont les plus élémentaires telles que les issues de sécurité. En cas d'incendie, il est à craindre un drame, d'autant que ce sont des milliers de citoyens qui y font leurs achats. Les autorités de la capitale ne semblent pas très préoccupées par ce nouveau phénomène, elles déclarent la guerre aux cités bidonvilles et oublient le danger que présentent ces bazars. D'ailleurs, force est de relever que peu de choses ont été faites pour endiguer le phénomène du commerce anarchique. Hormis les quelques fois où les services de sécurité ont été mobilisés pour interdire ou carrément éradiquer des étals anarchiques, sur le plan infrastructurel, Alger n'à pas de quoi s'enorgueillir. Le programme des 100 locaux commerciaux par commune enregistre du retard dans quasiment toutes les municipalités. A l'origine, les lenteurs bureaucratiques dans la distribution et/ou le règlement, notamment du problème du foncier. Les marchands ambulants et les vendeurs à la sauvette réoccupent d'une façon importante la chaussée. Il n'est pas une place à Alger qui soit épargnée par ce phénomène, de nouveau toléré par les pouvoirs publics. Le grand retour de l'informel A la place des Martyrs, qui s'est rétrécie comme une peau de chagrin en raison des fouilles archéologiques, c'est toute la rue Bab El Oued et les rues adjacentes, en plus de la grande rue de la Lyre qui sont prises d'assaut tôt le matin et des fois jusqu' à une heure tardive de la journée. Plusieurs centaines de jeunes s'installent dans cette partie de la ville sans qu'ils soient aucunement gênés par les policiers qui, il n'y a pas si longtemps, les pourchassaient. Les policiers en faction à l'entrée de la place ont-ils reçu des instructions de leurs supérieurs, placés sous l'autorité du wali délégué de Bab El Oued, de ne pas réagir et de laisser faire les vendeurs à la sauvette qui ne se sauvent étrangement plus ? L'on est tenté de souscrire à cette idée d'autant plus que les jeunes, qui vendaient des fanions et autres babioles aux couleurs de l'équipe nationale de football, ne sont pas inquiétés et vendent sur les places qui « leurs étaient fermées ». Ces jeunes semblent se plaire dans cette situation visible à la rue Belouizdad, à Alger-Centre ou dans des rues d'El Harrach, Bab Ezzouar et Mohammadia. Seules certaines communes comme El Biar et Ben Aknoun, ou encore Hydra, sont quelque peu épargnées par un phénomène que les autorités, « résignées, assure-t-on », peinent à éradiquer. Le chômage et les pratiques frauduleuses des commerçants semblent faciliter l'émergence du marché informel. Faire la guerre aux marchés informels qui pullulent n'est pas une tâche facile pour les APC de l'ouest de la capitale, en l'absence d'assiettes foncières pouvant abriter plus de marchés de proximité. Selon les responsables locaux, la solution est d'essayer de tirer au maximum profit des projets en cours de réalisation. C'est le cas pour la commune de Aïn Benian où tous les espoirs sont placés dans le projet des 250 locaux et dont les travaux ne sont pas encore achevés. Selon M. Guiassa, premier responsable de cette commune, ces locaux qui abriteront plusieurs activités commerciales « soulageront un peu la pression connue au niveau des marchés de proximité envahis par les artisans et les commerçants exerçant illégalement ». Ce même responsable, qui reconnaît l'impuissance des APC face au phénomène des marchands ambulants et autres commerçants illicites, même avec l'appui des forces de l'ordre, estime que c'est aux services des daïras d'exercer leur rôle dans la répression de la fraude et de la lutte contre le commerce informel via les services habilités à faire cette tâche. « A signaler que les marchands illégaux envahissement les entrées des marchés de proximité. Malgré les efforts déployés par les services communaux, ces marchands réussissent souvent à occuper, encore les lieux », explique notre interlocuteur. Djamel G. , Fatima Arab, Nadir Iddir