Les attentats terroristes enregistrés dans les communes limitrophes de la ville de Béjaïa, vers la fin de l'été dernier, ont démontré le potentiel de nuisance dont continue à disposer le GSPC dans la région. Ils ont confirmé également l'idée selon laquelle les montagnes drues de Beni Ksila, Toudja, et à un degré moindre les hauteurs d'Amizour dans la vallée de la Soummam (un rayon de près 60 km en tout), ont longtemps servi de zones de repli aux « troupes » du GSPC. Après s'être signalés par des embuscades meurtrières, notamment sur la RN24, reliant la wilaya à celle de Tizi Ouzou en longeant la côte, mais aussi le périmètre boisé de Beni Ksila et de Toudja durant l'année 2004, (7 gendarmes puis douze militaires ont péri dans des embuscades), les terroristes ont signé leur première incursion meurtrière en zone urbaine, dans la ville d'El Kseur, une ville posée en aval des communes précitées et formant pratiquement la banlieue de la ville de Béjaïa. LE GSPC MULTIPLIE LES ATTAQUES Deux policiers de la circulation et un commerçant ont été mitraillés en plein centre-ville, le 28 août 2006. L'attentat a été interprété par d'aucuns comme un premier acte d'une offensive nouvelle du GSPC, du moins annonçant une rupture avec une manière de procéder qui avait jusque-là concerné un terrain d'opération éloigné des zones urbaines. Quatre jours plus tard, au moment où les services de sécurité s'étaient redéployés dans la zone, une embuscade spectaculaire sur la RN12, à une quinzaine de kilomètres de la ville d'El Kseur, emportait 4 éléments de la BMPJ et un civil de passage sur le tronçon. Une recrudescence qui a plongé la région, non habituée à des seuils de violence aussi marqués et aussi assidus, dans la conviction qu'une offensive terroriste réfléchie la ciblait désormais. Dans le même contexte, des sources sécuritaires avançaient vaguement que les terroristes avaient « pénétré » la ville de Béjaïa, alimentant l'appréhension d'un Ramadhan à haut risque. L'appréhension est confortée par l'arrestation, sur une place connue de la ville, d'un terroriste présenté comme un « ancien » des maquis jijeliens. La suite a ahuri plus d'un. En l'espace de deux semaines, le voile a été levé sur une présence insoupçonnée jusque-là des points d'appui « logistiques » et humains pour le GSPC. Découvertes et destruction par les éléments de l'ANP, le 15 septembre, de deux casemates à Merdj Ouamane, sur les hauteurs d'Amizour, avec à la clé des explosifs, du matériel informatique et une mini-station d'interception des communications téléphoniques qui, selon les informations qui ont filtré, a dû servir des années. Dans le même élan et agissant sans doute sur la base de renseignements, les services de sécurité avaient procédé à l'arrestation d'une vingtaine de personnes, dont des industriels et des patrons d'établissements de services, pour soutien au terrorisme, avant que les habitants de la ville ne soient frappés de stupeur à l'annonce de la découverte de deux dépôts d'explosifs dans l'un de ses quartiers périphériques. Si les succès de la lutte antiterroriste ont été incontestables dans la conjoncture, l'opinion retient de l'épisode que l'hydre terroriste a eu la possibilité de s'installer et peut-être préparer des attentats qui auraient pu plonger la région dans l'horreur. Rien ne dit en effet que les coups portés par les services de sécurité ont pu réellement être décisifs pour éloigner la menace.