Cohue, « ghachi », foule partout et consommation de produits à l'infini. Mais combien de personnes veillent à leur santé et quels organismes contrôlent « pour nous » ce qui est ingurgité à longueur de journée ? Les dates de péremption – quand elles existent sur le produit – sont-elles lues par le consommateur ? Les commerçants enlèvent-ils les produits périmés ? « Un produit périssable est un produit susceptible de s'altérer et cette altération peut résulter soit du non-respect des conditions de conservation et de conditionnement, soit du dépassement de la date limite de consommation pour les produits alimentaires industriels », précise un ingénieur en biologie. Mais à regarder de près les gestes des ménagères, très rares sont celles qui examinent l'étiquetage et seule prédomine la marque pour la majorité ou le produit le moins cher. A la direction du commerce de la wilaya de Blida, le rythme des activités de contrôle diffère d'une saison à une autre (rentrée scolaire, Ramadhan, approche des fêtes religieuses, période estivale), comme diffère la nature des produits contrôlés : glaces, sorbets, boissons, viandes blanches et rouges. Selon la direction du commerce, les produits périssables les plus saisis demeurent la viande blanche et les boissons. Mais comment contrôler les vendeurs ambulants ? Le directeur du commerce de la wilaya de Blida est catégorique : « Nous traçons un programme d'action hebdomadaire et les activités de contrôle concernent même les produits vendus dans le secteur informel. » La saisie existe, mais la verbalisation est absente, d'où une facilité offerte pour la récidive. Durant le mois de janvier dernier, les inspecteurs du commerce avaient procédé à la fermeture de 47 locaux et saisi une marchandise d'une valeur de 81 millions de centimes ; le même montant l'a été pour pratiquement plus du double de locaux (104) fermés au mois de février. Pain, dattes, fraises, fromages, chocolat sont exposés au soleil et à la poussière sans qu'il y ait ni inspections ni saisies systématiques. Un environnement dépourvu de toute règle élémentaire d'hygiène et une société civile qui se laisse faire. Du matin au soir, le citoyen s'approvisionne avec un air de consentement. Aux croisements du centre-ville et aux entrées des marchés, se dégagent des senteurs nauséabondes, mais les commerçants à la remorque et à même le sol exposent leurs marchandises sans aucune protection. A la ménagère de la matinée fait place le fonctionnaire du soir mais personne ne fait la remarque sur les conditions de vente, trop obsédé par la baisse des prix. « L'hygiène a un prix et la santé un autre encore plus cher », dira un commerçant de produits frais bien emballés et donc protégés de tout microbe ou virus. L'agent verbalisant ne sait plus où donner de la tête : « Comment contrôler une supérette, un simple marchand possédant une boutique et ignorer le marchand ambulant se trouvant juste en face ? » La décision demeure politique et l'éradication du marché informel anarchique est le signe d'une bonne santé de la société. Il existe bien une association de défense des consommateurs mais ses actions ne sont jamais connues – si elles existent – et chacun semble penser qu'il faut laisser ces personnes tranquilles, se montrant ainsi inconscient des dangers guettant l'ensemble.