Quatre mille habitants, 8 villages perchés à 1500 m d'altitude, la commune d'Aït Zikki n'a ni médecin, ni dentiste, ni ambulance. Deux unités de soins, une troisième en voie de réhabilitation, un infirmier se mettant en congé à midi et un médecin n'exerçant que deux demi-journées par semaine, car travaillant dans le cadre du pré-emploi, payé par la direction de l'emploi des jeunes. Il n'y a pas de postes budgétaires pour affecter des praticiens de la santé publique, répond l'administration de wilaya aux élus locaux d'Aït Zikki. Un engagement ferme a été pris par le wali en mai 2006 de faire bénéficier la commune d'une ambulance tout terrain, adaptée au relief montagneux. L'instruction a été oubliée par les services chargés de ce secteur. Plusieurs mois plus tard, les élus de l'APC se sont présentés à la DSP pour relancer leur requête. « On nous a proposé de nous faire bénéficier des services d'une clino-mobile destinée aux communes déshéritées », nous dit un membre de l'exécutif communal. Une « clino-mobile », c'est un camion médicalisé devant se déplacer dans les zones retirées pour assurer une couverture sanitaire minimale, épisodique et symbolique aux populations locales. C'est l'Etat qui se prend pour une ONG engagée en territoire hostile, gagné par les épidémies ou la guerre. Solution inacceptable, dès lors que l'Etat algérien, de notoriété mondiale, dort sur des dizaines de milliards de dollars. Cela ne ruinera nullement les finances publiques si l'administration locale trouvait le temps et l'humilité d'affecter un médecin, un dentiste et une ambulance pour cette commune oubliée des autorités après avoir été rasée à moitié pendant la guerre d'indépendance. Les villageois d'Aït Zikki utilisent leurs propres moyens pour évacuer un malade vers les structures de santé les plus proches. La polyclinique de Bouzeguène se trouve à 15 km, le secteur sanitaire d'Azazga à 40, et le CHU de Tizi Ouzou à 80 km. « Nous avons des médecins et des dentistes au chômage qui peuvent travailler sur place, pour peu qu'on crée les postes budgétaires. On nous a proposé des postes pré-emploi comme solution provisoire. Même cela ne s'est pas concrétisé », disent les élus locaux. Nous avons tenté depuis deux semaines d'interroger le DSP sur différents sujets, dont l'affectation des ambulances promises lors des visites officielles. Ni son secrétariat ni la cellule de communication de la wilaya ne nous ont « rappelés » pour une entrevue. Parfois, pour les populations rurales de Kabylie, Alger est plus proche que Tizi Ouzou.