Des peintres, des sculpteurs, des miniaturistes venus des quatre coins de la Soummam ont investi de leurs œuvres, trois jours durant, le hall de la Maison de la culture. Ce premier salon des arts plastiques de la wilaya de Béjaïa a été pour beaucoup d'artistes l'occasion « d'abord de se faire connaître du public et de lui montrer le potentiel créatif de la région ». Certains exposeront pour la première fois leurs œuvres exploitant des techniques ignorées jusque-là par les visiteurs, à l'exemple de gravures sur verre, mélange d'impressionnisme, de réalisme et de surréalisme. Aquarelles, toiles, portraits au crayon, sculptures sur bois, sur calebasses, miniatures diversifiées ont montré tout un savoir-penser. Le clou du salon a été une grande fresque réalisée durant ces trois jours dans le patio de la Maison de la culture. Chaque exposant, sur une libre orientation thématique, y a mis son pinceau un peu « par reconnaissance » à l'organisateur de la manifestation, la direction de la culture de Béjaïa (pour qui elle sera offerte) et un peu pour « se donner une place dans la mémoire collective de la ville ». Malheureusement, la qualité des expositions est inversement proportionnelle à l'affluence enregistrée. Il n'y a pas eu foule. C'est, nous fait remarquer un peintre, conjoncturellement le résultat d'une promotion de l'événement exécutée à l'emporte-pièce (il faut entrer à la Maison de la culture pour se rendre compte que le salon s'y tient), et c'est, d'une manière plus générale, dû à l'inexistence d'une galerie d'art où les férus d'œuvres picturales auront l'habitude d'aller à longueur d'année. Dans le chapitre des désolations toujours, le peintre Abderahmane Kaci parle de toutes ces déperditions de valeurs artistiques de la région pour cause d'inexistence d'établissements d'enseignement ou de promotion des réalisations des artistes locaux. Il citera à cet effet l'espoir « maintenant estompé » qu'avait suscité l'annonce, faite avec bruit et trompette, de doter Béjaïa d'une annexe des Beaux-Arts. Notons enfin dans le programme du salon, deux conférences sur l'histoire de l'Art et sur l'Art moderne et contemporain donnés par respectivement Amine Khodja Saddek, docteur d'Etat en histoire de l'Art et par Ouchène Smail, enseignant des Beaux-Arts.