Le mois sacré du jeûne est différemment apprécié par les Algériens. Les gens de la campagne ne le vivent pas de la même façon que ceux de la ville. De même, les pauvres ne le vivent pas à la manière des riches, pour les raisons qu'on connaît. Tandis que les citoyens nantis se permettent toutes sortes de folies, il y a de pauvres hères pour qui le Ramadhan est un supplice, en raison surtout des privations de toutes sortes qu'ils supportent. Alors que les premiers jubilent à l'approche de la rupture du jeûne devant tant de victuailles, tant de douceurs et de sucreries, certains citoyens, parce que frisant le seuil de pauvreté le plus bas, ne pourront que « déguster » une insipide chorba où « nagent » quelques petits morceaux de volaille, offerts par la voisine. Au moment où certains se gavent de mille et une douceurs, se délectent à loisir des plats savamment préparés, sentant les épices et les odeurs qui donnent l'eau à la bouche, il se trouve, quelque part, une famille qui prend son mal en patience et se contente de savourer un plat offert par les restos d'Errahma. A Aïn Beïda, à Meskiana ou ailleurs, on les a vus ces petits en haillons, qui attendent patiemment le moment où l'on sert la chorba des pauvres... Des images comme celle-là montrent à quel point est énorme le fossé entre les riches et les pauvres. C'est pendant ce mois justement que devrait être abolie la différence entre ceux qui ont la richesse et les pauvres. Sacré Ramadhan !