Les législatives de mai prochain ravivent le thème récurrent de la représentation féminine sur la scène politique. De prime abord, elle ne reflète pas la réalité d'un état des lieux qui place la femme algérienne au centre de la vie active du fait de son ancrage dans la plupart des institutions algériennes. A l'aune d'une importante insertion féminine dans nombre de centres de décisions, il est plus pertinent d'évoquer, en fait, sa sous-représentation dans le champ et les appareils politiques. Cela se mesure au niveau des assemblées élues tant aux niveaux local que national. Il y a ainsi très peu de femmes maires ou députés, trop peu au prorata du rapport aux effectifs de population, mais aussi et surtout au regard de la part prépondérante qui est aujourd'hui celle de la femme algérienne dans les sphères de l'éducation — tous paliers confondus — de la magistrature, du secteur médical et hospitalo-universitaire, et plus largement dans toutes les branches de l'économie et de l'industrie. Le décalage entre la réalité du terrain et sa traduction politique est si prononcé que la meilleure image qui l'exprime est celle de la disqualification. C'est le résultat d'une ambivalence sociologique au sens où tout en pouvant exercer les fonctions de magistrate, de pilote de ligne ou de chirurgienne, la femme algérienne n'est pas validée lorsqu'elle brigue les suffrages populaires, si ce n'est dans des proportions statistiques infimes, pour ne pas dire insignifiantes. Sur ce plan, ce sont encore les atavismes qui restent à l'œuvre et travaillent foncièrement la société sur l'inaptitude, présumée, de la femme, à connaître de la chose politique, un domaine réputé exclusivement masculin. Ces préjugés sont de l'ordre de la résistance farouche à l'évolution sociale, économique et intellectuelle des femmes en Algérie. Le conservatisme le plus outré, l'arrimage à la pesanteur des tabous n'ont pourtant pas empêché — dès les premières années de l'indépendance — la scolarisation des fillettes qui sont devenues les médecins, les avocates, les économistes, les universitaires émérites, les hauts fonctionnaires de l'administration publique pour le plus grand bénéfice de la société. Une telle avancée ne tord pas pour autant le cou aux idées reçues, car la prégnance de la tradition reste hostile à une répartition plus équilibrée des pouvoirs, à plus forte raison encore dans les espaces de décision politique. A cet égard, les lois les plus éclairées resteront inefficientes si la collectivité ne se nourrit pas de leur esprit. De ce point de vue, la responsabilité de changer le cours des choses n'incombe pas au seul législateur dans la mesure où c'est dans la société algérienne que doit s'opérer la prise de conscience. La question pourrait ainsi se poser, à la faveur des futures consultations électorales, s'il n'y a pas lieu d'instituer une règle de parité pour reconfigurer les assemblées élues autour d'une plus juste représentativité de la femme algérienne. C'est déjà un enjeu de taille pour les législatives à venir dont la vocation est de légitimer cette plus grande place de la femme algérienne dans les instances élues. Cela dépend moins des électeurs que de la volonté des partis de choisir des candidates à la tête de leurs listes.