A l'heure de l'identité nationale aux contours flous, des initiatives se multiplient pour tenter d'imposer la diversité dans la campagne électorale. Le Cercle France-Euro-Méditerranée, composé de « Républicains de la diversité » toutes sensibilités politiques confondues, rassemble plus de 300 associations et de nombreuses personnalités de la sphère publique, intellectuelle, économique et sociale. Il lance un appel à la République en mobilisant ces acteurs de la « diversité » engagés autour d'un combat commun. Paris : De notre bureau « La représentation ne se limite plus au sport et à la chanson. Nous sommes dans la recherche, entreprise, etc. Nous sommes réunis dans un vivre ensemble, dans une France métissée », explique le journaliste Mouloud Mimoun, journaliste, engagé dans ce combat. « Nous voulons que les politiques puissent concevoir que la France n'est plus gauloise. Elle n'est plus celle du XIXe siècle. Elle est différente. Au même titre que les chasseurs, les agriculteurs, les sportifs... nous demandons à être reconnus. Ce n'est pas du communautarisme mais du lobbying ! », remarque Chafia Mentalecheta, membre de Prairial 21, courant de pensée dissident du Parti socialiste. Les membres du groupe Prairial 21, regroupant une cinquantaine de militants issus de l'immigration et de l'outre-mer, s'étonnent, dans une lettre adressée à Ségolène Royal, que son pacte présidentiel ne fasse « aucune proposition sur la question de la lutte contre les discriminations et la promotion de l'égalité réelle ». Ils demandent un rendez-vous à la candidate, sans aucun résultat pour le moment. « Lors de la dernière élection, Lionel Jospin nous a donné rendez-vous entre les deux tours. On connaît la suite », se moque la militante clermontoise d'origine algérienne. « La diversité française se lit dans la rue sur les visages et les noms. Paradoxalement, ce n'est pas le cas à l'Assemblée nationale. Pourquoi la France politique est-elle si frileuse ? Quand il a fallu envoyer les burnous devant les canons nazis, on ne s'est pas trop posé la question de savoir s'ils sont assez Français ? », ironise Embarek Kari, président du club Phœnix. Une fois le constat établi, quels remèdes adopter ? « Quelle société voulons-nous bâtir ensemble ? Nous sommes passés d'une logique d'instrumentalisation, d'infantilisation à une logique de maturation. Ces dernières années, les fractures se sont multipliées. Dans le regard de l'autre, je suis identifié non comme citoyen mais comme Arabe, musulman. Je suis fier d'être Français sans renier ma berbérité, mon arabité, mon islamité. Ne faisons pas comme si novembre 2005 n'avait pas eu lieu », avertit Rachid Mokran, président de République en mouvement. Pour donner corps à ce lobbying, le Cercle entend organiser un banquet annuel auquel tous les partis politiques républicains seront conviés.