En multipliant les rencontres de sensibilisation animées par des experts nationaux et étrangers, le Fonds de garantie des crédits aux PME tente de coller aux rythmes des évolutions économiques nationales. Pour cette structure du ministère de la PME et de l'Artisanat, il est stratégiquement essentiel de s'insérer dans le programme MEDA initié par l'Union européenne (UE). Ce jeudi 22 mars, le Fonds de garantie des crédits aux PME (Fgar) est revenu à la charge pour expliquer à Annaba, dans le cadre d'une journée d'information régionale, la politique de vulgarisation du dispositif du fonds. Cette autre sortie d'une des institutions du ministère de la PME se veut un rappel de la restructuration de la mission du FGAR. Créée en 2002, cette institution est devenue opérationnelle à compter d'avril 2004. Trois années après, 166 entreprises ont pu bénéficier de la garantie dont 105 (63%) au titre du FGAR et 61 (37%) au tire de l'EPDME. Ce qui ressemble à un champ d'action nouveau en pleine évolution pour l'assurance crédit n'a toujours pas atteint son régime de croisière. C'est dire que la multiplication des financements de projets en Algérie, tous secteurs confondus, ne correspond pas aux ambitions affichées. Selon plusieurs participants à la journée d'information, ces financements d'usines ou d'infrastructures reposent, pour le bon remboursement des crédits mis en place, sur les seuls flux financiers générés par le fonctionnement desdits projets. Ces financements constitueraient un nouveau défi tant pour les banques algériennes très frileuses quand il s'agit de crédits que des assureurs crédits comme le Fgar. « Les assureurs crédits raisonnent toujours en fonction des garanties ou des engagements bancaires disponibles. Voire sur la base d'un risque à prendre directement sur une entreprise lorsque sa solidité financière paraît acceptable », a estimé un des intervenants, cadre au ministère de la PME et de l'Artisanat. Ce à quoi répond l'approche du Fgar envers les financements de projets d'investissement destinés à la création ou à l'extension d'entreprises, la rénovation des équipements et et pour la prise de participation. Pour ce fonds, la priorité est donnée aux projets de fabrication de biens ou offre de services inexistants en Algérie. Pour également les projets contribuant au maintien ou à la création d'emplois, à la réduction des importations… Bien que la question n'ait pas été abordée, l'organisation interne de l'activité du Fgar n'a pas été modifiée. Les structures décentralisées du ministère de la PME et celles du Méda restent responsables de la préparation des dossiers à transmettre à la commission des garanties. Sont déclarés non éligibles aux avantages du FGAR le refinancement d'une dette antérieure, des institutions financières de l'agriculture et du commerce, des projets susceptibles de causer une pollution significative à l'environnement. Il est clair, ont affirmé des participants à la manifestation, que les financements des garanties requièrent une expertise approfondie. C'est dans ce cadre que, pour ne pas avoir à dépendre intégralement des études de sensibilité réalisées par le promoteur du projet, les mêmes participants préconisent l'apport d'experts. Définir le schéma de sûreté Ceux-ci auront pour mission d'examiner le dossier sur la base d'une liste type d'analyse à même de faciliter l'instruction de chaque affaire. « Cette liste comprendra des éléments d'appréciation de l'environnement qui préside aux projets dans la région d'implantation. Notamment en ce qui concerne les aspects légaux et les problèmes particuliers se rattachant à des risques. Enfin, le schéma de sûreté entourant le projet devra être défini avec soin. De même qu'il serait souhaitable que d'éventuels surcoûts pendant la période de création de l'entreprise puissent être financés », estiment les mêmes sources. Le Fgar semble avoir prévu l'ensemble de ces aspects qu'il souligne dans sa problématique du financement de la PME, telle que la faiblesse des fonds propres, l'absence ou l'insuffisance des sûretés à présenter à la banque, le coût élevé de gestion des petits montants. Il prévoit même un taux de sinistralité élevé de 25 à 30%. Il précise que ce taux concerne particulièrement la création et durant les trois premières années d'exercice, le faible taux de récupération des garanties mises en jeu (max 30%) avec des délais longs. Accélération de la procédure Le fait que le FGAR soit sur le terrain, adopte une attitude ouverte face aux investisseurs et montre une disponibilité à apporter tout son soutien à la garantie des projets, ne signifie pas qu'il est prêt à accepter n'importe quelle affaire. De nombreuses expériences ont démontré qu'un certain nombre de projets ont été réalisés sans que le FGAR ne soit sollicité. Il ne l'est que lorsque, a contrario, les risques apparaissent importants pour les initiateurs. Pourtant, lors de ses multiples contacts avec les investisseurs à l'occasion de séminaires, conférences, forums, journées d'information, le FGAR n'a de cesse de souligner son objectif. Il porte sur la facilitation d'accès aux crédits bancaires à moyen terme qui rentrent dans le montage financier des investissements pour des projets viables. Le fonds a même précisé que la garantie des crédits bancaires qu'il propose concerne les investisseurs ayant un manque de sûretés réelles à présenter à leurs banques. La journée d'information de Annaba, organisée ce dernier jeudi, fait partie des moyens mis en œuvre par le FGAR pour sensibiliser les chefs des structures décentralisées du ministère de la PME et de l'Artisanat sur la nécessité de répondre aux PME demandeuses de crédit. « Le problème est que l'outil de garantie financière n'était pas connu. Il a eu du mal à s'imposer ces dernières années. Aujourd'hui, avec une politique de communication à grande échelle, cet outil pourrait être efficacement mis en œuvre. Hier rétives, les banques ont entamé la procédure. 166 entreprises ont bénéficié de la couverture financière FGAR/MEDA. Ces cinq derniers mois, il y a une très forte accélération de la procédure, ce qui donne à penser que le fonds sera utilisé à plus de 60% d'ici à la fin 2007 », a affirmé Alain Daniel Thézé, expert financier à Euro Développement PME Algérie. Il était l'un des principaux animateurs de la journée d'information. Sur vingt millions d'euros avancés à l'Algérie dans le cadre du programme Méda, seuls 17% de ce montant ont été utilisés. « Allez voir dans les caisses des banques, le reste y est bien au chaud », a ironisé M. Thézé. Rappelons que ce programme mis en œuvre par l'Union européenne (UE) englobe l'ensemble des secteurs d'activités. De la formation professionnelle qui vise à adapter la main-d'œuvre aux évolutions technologiques et à favoriser le processus d'insertion et de réinsertion économiques. Il concerne aussi la mise à niveau de l'industrie à la promotion des investissements extérieurs par des dispositions attractives, adaptation des lois et règlements affectés par l'accord d'association avec l'UE, le développement de la microentreprise par une assistance technique aux programmes de formation dispensés par le Fonds d'intervention et d'adaptation professionnelle (FIAP). La Tunisie, le Maroc, l'Egypte, la Palestine et Israël, entre autres pays, en ont bénéficié.