Khaled Mechaâl, chef en exil du mouvement islamiste Hamas, a demandé au prochain sommet arabe de reconnaître le gouvernement palestinien d'union nationale et d'adopter une position unifiée. Ce n'est sûrement pas un hasard du calendrier si la 5e conférence de la fondation mondiale El Qods a ouvert ses travaux hier à Alger, à deux jours de la tenue du sommet arabe à Riyad (Arabie Saoudite), où la question palestinienne sera au cœur des débats. La Conférence « placée » sous le haut patronage du président de la République et présidée par le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, servira de tribune à Khaled Mechaâl, chef en exil du mouvement islamiste Hamas qui demandera, dans son allocution d'ouverture, au prochain sommet arabe de reconnaître le gouvernement palestinien d'union nationale et à adopter une position unifiée. « Le sommet, a-t-il déclaré, doit prendre des décisions pour briser l'isolement des Palestiniens et reconnaître le gouvernement palestinien d'union nationale ». Mechaâl lancera un appel aux chefs d'Etat arabes pour « unifier les positions », « reprendre l'initiative » dans le processus de paix au Proche-Orient et à « laisser aux Etats-Unis le soin de segmenter les Arabes en plus durs et plus modérés », ajoute-t-il. Le leader du Hamas, devenu la première force politique en Palestine, a rappelé que son mouvement malgré sa participation au gouvernement « n'avait pas renoncé à la résistance armée ». « Notre participation relève de la résistance civile pour préserver les droits du peuple palestinien », explique-t-il. Il invitera par la même les « Arabes et les musulmans » à tirer profit de la situation actuelle au Proche-Orient. Une situation qui, d'après lui, n'est bonne ni pour les Israéliens, confrontés à une « profonde crise de confiance intérieure » ni pour les Américains qui subissent « échec derrière l'autre », notamment en Irak. « La résistance de la nation arabe et islamique, juge-t-il, est victorieuse ». La tenue à Alger du congrès de la fondation El Qods semble être un pari « diplomatique » plus qu'important pour le gouvernement algérien. Dans sa conférence de presse de lundi dernier, Bouabdallah Ghlamallah, ministre des Affaires religieuses, a indiqué que c'est l'Algérie qui prend en charge l'organisation et la coordination des actions de la conférence pour garantir le succès de l'événement, ajoutant que le ministère des Affaires étrangères a instruit toutes les ambassades algériennes à l'étranger pour faciliter l'octroi de visas aux congressistes. Parmi les 349 invités de la fondation El Qods figure, fait rarissime, le président du bureau politique du mouvement Hamas, Khaled Mechaâl, reçu officiellement par le chef du gouvernement, également invités l'archevêque de l'église orthodoxe, Ataa Allah Mahanna, l'ancien président soudanais, Abderrahmane Souar Eddahab, et le président du parti du Congrès populaire soudanais, l'opposant Hassan Tourabi, ainsi que de nombreuses personnalités scientifiques et intellectuelles. Officiellement, le conclave d'hier vise à examiner les questions liées à la gestion de la fondation ainsi que la présentation de projets de soutien à la ville d'El Qods et au peuple palestinien, mais plus subtilement, il sert à la mobilisation autour de la position algérienne qui semble être désormais sensible aux arguments du Hamas. Dans son allocution, le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem,a souligné qu'El-Qods « n'est pas seulement une question arabe et islamique, mais une question humaine ». « Cette ville, a-t-il dit, occupe une place privilégiée dans le cœur de la société algérienne ». Selon M. Belkhadem, la relation spirituelle qu'entretiennent les Algériens avec la ville sainte se nourrit à la fois de la quête du savoir et de la foi, et de leur « participation honorable au djihad lors des croisades (...) jusqu'à la reconquête de la ville d'El Qods grâce à Salaheddine El Ayoubi ». M. Belkhadem mettra en évidence la présence algérienne dans le quartier El Maghariba (Maghrébins) à El Qods, précisant que « le roi El Afdhal Ben Salaheddine a décrété ce quartier patrimoine wakf des Algériens, en signe de reconnaissance à leur djihad ». Il a, en outre, rappelé que la question d'El Qods était une question de « droit historique et humain légitime », soulignant que la communauté internationale avait une responsabilité à assumer à son égard. Dans la foulée, le chef du gouvernement dénoncera « les agissements d'Israël » contre le peuple palestinien, soulignant la nécessité d'aider ce dernier face à son ennemi extérieur. La fondation El Qods que préside actuellement le docteur Youcef Al Qaradaoui se définit comme un organisme indépendant et se donne pour objectif premier de mettre en échec les « plans sionistes de judaïsation d'El Qods » de « prévenir la destruction de son patrimoine civilisationnel », consolider l'entente islamo-chrétienne sur El Qods tout en œuvrant à resserrer les rangs palestiniens, arabes et islamiques autour du projet de sauvegarde d'El Qods. La fondation compte ouvrir prochainement une antenne à Alger.