La crise financière que traverse l'Autorité palestinienne a déjà commencé à se faire sentir sur le terrain, en territoires palestiniens occupés, et ce, malgré les informations indiquant le reversement à cette Autorité, par Israël, de près de 45 millions de dollars, taxes et revenus de douanes perçus sur les marchandises palestiniennes transitant par les ports et aéroports israéliens. Hier, les 120 000 employés de l'Autorité palestinienne, civils et militaires n'avaient pas encore perçu leurs salaires. Ce versement de dûs palestiniens par Israël risque de ne plus être automatique, surtout à l'approche de la formation du nouveau gouvernement palestinien par le mouvement islamiste Hamas, victorieux des dernières législatives. « Comme le Hamas n'a pas encore mis sur pied un gouvernement et que le nouveau Parlement n'a pas été inauguré, nous ferons une évaluation chaque mois », a annoncé Ehud Olmert, Premier ministre israélien par intérim. Tout comme le reste de la communauté internationale - l'inverse n'est-il pas vrai ? - Israël recourt à ce genre de pressions souhaitant faire changer les postions politiques du mouvement Hamas qui refuse toujours de reconnaître l'Etat hébreu, condition sans laquelle ce mouvement a été menacé d'isolement total. Le Conseil de sécurité, lui-même, a réclamé vendredi, dans une déclaration approuvée à l'unanimité, que tous les membres du futur gouvernement palestinien renoncent à la violence et reconnaissent Israël. En réponse, le Hamas qui n'a pas fléchi semble décidé à demeurer sur ses positions de principe. Moussa Abou Marzouk, numéro deux du bureau politique de Hamas, a déclaré que la reconnaissance même d'Israël par l'OLP lors des accords d'Oslo de 1993 a été une « erreur » historique qu'il faut « corriger ». Le Hamas n'envisage pas de reconnaître Israël tant que ses frontières restent floues et qu'il ne reconnaît pas le droit au retour des réfugiés de la guerre de 1948, a-t-il ajouté. Khaled Mechaâl, chef du bureau politique, vivant à Damas, avait proposé vendredi à Israël une longue trêve, que celui-ci a évidemment rejetée, tout en exigeant également du mouvement islamiste, le démantèlement de sa branche armée, les brigades Ezzedine Al Qassam. M. Mechaâl devait se rendre hier en Egypte dans le cadre d'une tournée dans les pays arabes destinée à élargir le soutien à la formation par son mouvement du prochain gouvernement palestinien. M. Mechaâl, qui s'exprimait à l'issue d'un entretien à Damas avec le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk Al Chareh, a affirmé que le Hamas « aimerait former un gouvernement de coalition nationale ». « La nation (arabe) est à nos côtés en dépit de toutes les pressions extérieures et nous avons une grande confiance en les Arabes et en les musulmans », a-t-il encore déclaré. Selon lui, la Communauté internationale « doit forcer Israël à reconnaître le droit du peuple palestinien. Il n'est pas juste de demander à la victime de reconnaître son tueur ». « Le tueur, l'oppresseur, l'occupant et l'agresseur devrait reconnaître nos droits, cesser son agression et se retirer de nos terres », a-t-il conclu. Sur le terrain, Israël se lance de nouveau à la poursuite des militants palestiniens. Dans deux attaques aériennes à Ghaza, Israël a assassiné dimanche trois militants des brigades des martyrs d'El Aqsa, branche armée du Fatah, et deux militants des Saraya El Qods, branche armée du Djihad islamique. Il s'agit du premier raid aérien israélien contre la bande de Ghaza depuis les élections législatives palestiniennes du 25 janvier remportées par le mouvement Hamas aux dépens du Fatah. Le bombardement par l'artillerie du nord de la bande de Ghaza s'est poursuivi durant toute la nuit d'hier. Le même jour, un Palestinien a poignardé une Israélienne qui en est morte, et blessé quatre autres personnes à l'intérieur d'un minibus à Petah Tekva dans le centre d'Israël avant d'être arrêté.