Une grande victoire diplomatique pour l'Algérie au sein du Conseil des droits de l'homme. Idriss El Djazaïri, le représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies, s'est battu jusqu'au bout pour que la volonté des pays africains soit pour une fois respectée. Genève : De notre correspondant Exit le mot génocide soudanais au Darfour et place au dialogue avec Khartoum pour mettre fin à ce drame humanitaire qui secoue une région déjà souffrante des caprices d'une nature aride et désertique, mais qu'on dit riche en pétrole. Malgré l'acharnement de l'Allemagne au nom de l'Union européenne, Idriss El Djazaïri a démontré que le Conseil des droits de l'homme perdrait en crédibilité s'il condamnait le Soudan en se basant sur le rapport de la mission d'enquête de Jody Williams, prix Nobel de la Paix. Raison de plus, Jody Williams n'a pu se rendre au Darfour. Il a visité les camps de réfugiés au Tchad uniquement. Sa mission a donc échoué. L'Algérie - au nom des pays africains au sein de la CDH - s'active pour que les autorités de Khartoum mettent fin aux violations des droits de l'homme dans la province. Une paix au Darfour qui impliquera davantage les autorités centrales soudanaises. Dans ce sens, la diplomatie algérienne a déployé toutes ses forces pour que les 47 membres du Conseil adoptent vendredi par consensus une résolution demandant que « toutes les parties au conflit au Darfour » mettent fin aux actes de violence contre les civils. Le document fait part de la « vive préoccupation » du Conseil concernant les « graves violations » des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises au Darfour. Le texte est le fruit d'un compromis entre l'Algérie, représentante du groupe africain, et l'Allemagne. « C'est un succès pour l'Algérie, pour le Conseil des droits de l'homme et pour l'Afrique », s'est félicité le représentant africain au Conseil. « Nous espérons que la résolution apaisera les souffrances de la population du Darfour. » Un diplomate allemand a affirmé que « la résolution est un texte de consensus : il n'a pas la formulation idéale, et nous avons dû faire des compromis. » Et la résolution de citer les attaques contre la population civile et les travailleurs humanitaires, les destructions de villages à large échelle, la violence contre les femmes et l'impunité des coupables. Par ailleurs, a été mis sur pied un groupe de sept experts internationaux, compétents sur des sujets comme les exécutions sommaires, les enfants dans les conflits armés ou les personnes déplacées. Présidé par le Rapporteur spécial sur le Soudan, ce groupe devra veiller, en collaboration avec Khartoum, au suivi et à la mise en œuvre des 115 recommandations faites par les Nations unies sur le Darfour. Pour les organisations de défense des droits de l'homme, le Darfour constituait un test de bon fonctionnement du Conseil des droits de l'homme, institué l'année dernière pour remplacer une Commission des droits de l'homme discréditée. Amnesty international a salué la décision du Conseil, mais a regretté qu'il n'ait pas dénoncé les agissements du gouvernement soudanais et de ses alliés. « Cette résolution marque un tournant », estime Amnesty. « Les délégations africaines disent au Soudan ‘'ça suffit'' ». Pour montrer sa bonne volonté, le gouvernement soudanais a conclu avec les Nations unies un nouvel accord destiné à faciliter l'accès des organisations humanitaires aux civils dans la région soudanaise du Darfour. Cet accord a été annoncé conjointement tandis que John Holmes, le nouveau responsable de l'action humanitaire à l'ONU, visitait au Tchad des camps de réfugiés ayant fui le Darfour.