Des vestiges antiques ont été découverts dans le quartier Zoudj Ayoune, à la place des Martyrs. L'excavation est ceinturée d'une clôture métallique et est située en face de l'ancienne mosquée, baptisée du nom de l'esclave italien converti à l'Islam Ali Betchine. L'archéologue, Nouredine Meftah, est chargé actuellement de l'exploration. Il a bien voulu nous entretenir au sujet de cette découverte : « C'est une maison qui date de l'époque romaine et remonte donc à l'antique Icosium. » Le projet est enrôlé auprès de l'Agence nationale d'archéologie et s'intitule « La fouille de Lalahoum », selon notre interlocuteur. C'est une dénomination décidée et dédiée à l'une des principales portes d'Alger, établie naguère à proximité du Jardin des condamnés de l'armée coloniale. Une réserve botanique, volée au mausolée du saint patron d'Alger Sidi Abderrahmane, par le génie militaire colonial et surnommée B'hirat Marengo par les habitants de La Casbah. Le square est baptisé présentement le jardin de Prague du « darbouz » (rampe) Louni Arezki (ex-Valley). Notre interlocuteur, qui est d'ailleurs le chef de la circonscription d'Alger, a bien voulu nous énoncer les caractéristiques essentielles et historiques de ces ruines, il dira : « La maison est une mosaïque du IIIe siècle après Jésus-Christ. C'est une mosaïque géométrique simple. » La mosaïque n'a pas encore livré tous ses secrets. L'expédition au cœur même de la mosaïque se heurte à une difficulté de taille et pas des moindres, comme nous l'explique M. Meftah : « Le site est enfoui en dessous de la station de transport urbain, propriété de l'Etusa. Le flux des voyageurs et les mouvements incessants de véhicules rendent pénibles les travaux d'exploration. » La mise en valeur de la cité engloutie est actuellement à l'arrêt. Les activités de fouille demeurent toutefois subordonnées à l'évacuation d'une portion de la station vers un autre endroit de la ville. « Cette infrastructure est d'utilité publique et je conviens tout à fait avec le directeur général de l'Etusa sur le caractère ardu du transfert de la station et les retombées économiques. Seulement, une solution s'impose pour nous permettre d'entreprendre dans les meilleurs délais un travail de mémoire », nous dit M. Meftah. C'est un véritable dilemme, le déménagement d'un terminus routier n'est pas une chose aisée. A moins d'une assistance des autorités locales. Le marché informel et son carrousel aux effets néfastes ne sont pas pour faciliter les choses. Des quantités importantes d'ordures s'empilent à l'intérieur même de la cavité. « Un travail de réflexion est engagé en ce moment au niveau de la wilaya déléguée de Bab El Oued, à la suite des réunions qui se sont tenues entre les parties concernées », a conclu M. Meftah. Gageons pour le bien de la culture que le dénouement de l'affaire sera à la hauteur des souhaits des archéologues et des intérêts du transporteur historique.