De Moughel à Boukaïs en passant par Kenadsa, les ksour partiellement restaurés livrent une partie de leur secret. Leur architecture est d'inspiration musulmane. Béchar. De notre envoyé spécial Pour mieux apprécier les escales, on se promène dans les venelles labyrinthiques obscures. Le visiteur est vite emporté par la beauté des lieux sauvés par le projet de « la route des ksour », initié par le Pnud et financé par l'Etat. Au ksar de Moughel, un guide nous demande de lever les yeux. Il nous fait découvrir un cadran solaire, l'un des patrimoines de la région. « Il ne servait pas à déterminer l'heure exacte mais il était utile pour l'irrigation et la division du temps d'arrosage de chacun », précise-t-il. Le ksar Boukaïs est l'un des plus anciens. L'âge de sa fondation remonte à près de 40 ans avant l'avènement de l'Islam. Beaucoup d'appellations sont d'inspiration linguistique berbère. La mine de charbon, aujourd'hui désaffectée, rappelle les silhouettes noires des mineurs. Ici, l'histoire se raconte en vestiges. Chaque escale est une invitation à la découverte. Le désert exerce une forte fascination et une pittoresque magie qu'on ne peut exorciser qu'en couchant des mots sur du papier. Le défi du gouvernement est de donner un sens concret à la stratégie de développement d'ici à 2015 en transformant ces sites en circuits touristiques attractifs. A Beni Abbès, les hôtes du festival avaient un rendez-vous avec les festivités de la célébration du Mawlid. Dans la place centrale, des troupes folkloriques se sont réunies habillées d'une manière traditionnelle. Il y a des louanges, des incantations et le baroud qui tonne. La Saoura est une région qui est rythmée par les rites et les traditions. Beni Abbès est blanche, ce qui la distingue de Timimoun, l'oasis rouge. Autre curiosité : la course des chameaux. Au Mawlid, l'effervescence est à son comble. Toute la population s'implique. Les rites religieux et culturels s'entremêlent. Le dépaysement est total. Les visiteurs prennent des photos souvent en groupe pour « immortaliser » ces instants d'une forte émotion. Une visite a été programmée à l'hermitage du père de Foucauld. Une petite chapelle existe encore. Sœur Rémond Dandrai connaît l'Algérie depuis 1963. Française de nationalité, elle affirme être « Algérienne de cœur ». A ses yeux, il n'y a pas l'ombre d'un doute : on rencontre Dieu aussi dans le désert. Malgré la désorganisation, le festival du tourisme saharien a réussi à mieux faire connaître la région. Le wali de Béchar a conscience des insuffisances : « Oui, il y a eu quelquefois cafouillages mais pour moi, la tenue de ce festival est une réussite. Nous avons accepté de l'organiser ici en sachant que nous avons un déficit en infrastructures et en vols irréguliers. » Le transport aérien est un sérieux écueil pour l'essor du tourisme. Le ministère des Transports a été saisi sur cette question. Une réflexion est engagée mais force est de reconnaître que sans la libéralisation de ce secteur (réseau domestique), le problème restera entier. Air Algérie ne pourra pas faire face toute seule à l'augmentation de la demande. Un festival est aussi une occasion de se remettre en question et de tenter de trouver des solutions ou du moins de prendre en charge les problèmes sérieusement.