Le dernier communiqué du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière que le syndicat rejette en bloc vous invite au dialogue. Quelle est votre décision ? Le principe du dialogue est inscrit dans les statuts du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique. Nous avons toujours répondu favorablement au dialogue et nous l'avons utilisé durant huit années, malheureusement sans aucun résultat jusqu' à recourir à la grève, comme cela s'est fait en 2002. La loi est claire sur cette question. Faudrait-il s'entendre sur quel type de dialogue. Si c'est un dialogue pour le dialogue et pour dire à l'opinion publique que nous sommes en discussions, il n'en est pas question. Nous, nous sommes pour un dialogue constructif sur la base des accords qui ont été signés, nous sommes toujours ouverts à n'importe quel moment. Il faut aussi que le ministère de la Santé s'assume et ne s'entraîne pas dans la politique de fuite en avant et qu'il puisse être prêt à ce dialogue et présenter toutes les garanties et solutions de sortie de crise. Lors de la réunion de réconciliation du 14 octobre en présence de l'inspecteur du travail, nous nous sommes entendus de maintenir le contact pour un éventuel dialogue. Ce qui est étonnant, ce sont les déclarations du ministre à la presse selon lesquelles le dialogue est interrompu et que le syndicat a décidé de la grève sans dialogue ni préavis de grève. Alors que nous l'avons déposé le 10 octobre au niveau des services concernés avec un accusé de réception. Ce sont de graves déclarations d'un ministre mal informé. Le ministre de la Santé a affirmé à plusieurs reprises que le dossier des spécialistes est pris en charge. Où se situe alors le problème ? Cela fait des années que nos revendications sont prises en charge, mais les accords signés et portés sur des P-V ne sont pas respectés. A chaque fois, on trouve des modifications dans ces mêmes accords signés par les deux parties, à savoir le syndicat et le ministère. Il y a même certains points qui ont subi des modifications sans que la tutelle daigne nous informer à temps. Il est question du point relatif à la réintégration des spécialistes avec effet rétroactif. Un point pourtant discuté et approuvé par le ministre lui-même. Aujourd'hui, on nous fait savoir que cette intégration ne se fera que sur le plan administratif. Ce que nous considérons inacceptable. Ainsi, nos principales revendications ne sont pas concrétisées et nous nous retrouvons face à un double langage. Ce que dit le ministre et ce qu'on nous propose dans les réunions officielles est totalement contradictoire. Même s'il y a un début de concrétisation, il est fait dans un sens totalement différent du principe de l'accord en modifiant ses termes. Votre syndicat revendique, entre autres, le droit de regard sur la nouvelle mouture de la loi sanitaire. Le ministre de la Santé affirme l'avoir soumise à tous les partenaires sociaux. Qu'en est-il ? Le SNPSSP est pour les réformes profondes du système de santé avec la participation et la concertation de tous les partenaires sociaux. Nous disons que cette réforme est indispensable et qu'elle doit commencer par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière pour mettre un terme aux dysfonctionnements dont il souffre. Je rappelle que nous avons été associés au débat autour de cette loi sanitaire à l'époque d'Aberkane. Nous avons discuté ce texte au niveau de la base et nous avons remis des propositions. Un séminaire de deux jours portant sur ce texte de loi a eu lieu en juillet 2003 et a retenu les conclusions définitives de cette loi sanitaire qui est le pilier de toute la réforme. Mais depuis, des modifications ont été apportées et certains points ont été remis en cause tels que l'activité complémentaire qui devait être abrogée. L'abrogation a été confirmée par un décret présidentiel en mai 2003 interdisant aux chefs de service et aux chefs d'unité de pratiquer cette activité complémentaire. Outre ce point, le syndicat ignore le contenu de cette nouvelle mouture. Le SNPSSP dénonce vigoureusement cet état de fait. Le SNPSSP a entamé un mouvement de grève illimité depuis lundi dernier. Quel bilan en faites-vous ? Le mouvement de grève entamé depuis le 18 du mois est massivement suivi au niveau de toutes les wilayas et il a atteint un taux de 88 % au premier jour. Ce taux a été revu à la hausse le deuxième jour avec un taux atteignant plus de 90%. Les spécialistes sont déterminés à poursuive le mouvement de contestation malgré les intimidations comme l'affichage de la circulaire portant les retenues sur salaires pour les journées non travaillées et d'autres formes de pression. Cela ne diminuera en aucun cas la détermination des grévistes à lutter pour exiger leur réhabilitation.