Le refus exprimé par la section ordinale de Tlemcen d'inscrire une vingtaine de jeunes pharmaciens au tableau de l'ordre et l'avis défavorable qu'elle a émis quant à l'ouverture de nouvelles officines dans la ville de Sidi Bel Abbès a soulevé, cette semaine, le courroux de ces nouveaux diplômés qui n'hésitent pas à parler de « blocages injustifiés ». « Pourtant, le conseil de l'ordre n'a qu'un avis consultatif à émettre, comme le stipule le décret exécutif (art.191) portant code de déontologie médicale », expliquent les pharmaciens dans une lettre de protestation adressée au conseil national et au ministre de la Santé, Amar Tou. Ces derniers, qui affirment avoir déposé dans les délais prévus leurs dossiers auprès du conseil de l'ordre pour que soit entamée la procédure réglementaire d'inscription, se disent surpris par la lenteur mise par le conseil pour rendre son avis. « Le conseil a mis trois mois pour venir enfin localiser les sites lors d'une tournée éclaire », font-ils remarquer, en précisant que la direction de la Santé publique (DSP) les a autorisés au préalable à procéder à l'aménagement des locaux en vue de leur ouverture. Préjudice financier « L'avis de refus du conseil a été envoyé un mois après la visite effectuée sur sites et sur une simple liste nominative, sans motif, à la direction de la Santé, contrairement au règlement qui stipule qu'une telle décision doit être notifiée à l'intéressé et que ce dernier doit être entendu », estiment-ils. Selon eux, cette situation a occasionné un préjudice financier et moral à certains de leurs confrères qui ont été contraints de démissionner de leur poste de travail pour se conformer à la décision d'ouverture (interdiction de cumul). Disposant, selon leurs dires, de décisions d'installation d'officines pharmaceutiques, notifiées en novembre dernier par la DSP de Sidi Bel Abbès, les pharmaciens en colère considèrent, en outre, que le conseil de l'ordre a « contrecarré » l'application d'une circulaire ministérielle et « outrepassé gravement » ses prérogatives vis-à-vis de la direction de la Santé qui a réalisé un recensement en couvrant pratiquement tous les quartiers dépourvus d'officines. « L'objectif du conseil est de monopoliser l'activité pharmaceutique (…) et de bloquer les nouveaux pharmaciens », soutiennent-ils. Contacté à ce sujet, le président de la section ordinale des pharmaciens, M.Chiali, a, d'emblée, tenu a précisé que tous les pharmaciens qui se disent lésés « ont été reçus la semaine dernière au siège de l'ordre où des explications leur ont été fournies sur les raisons ayant motivé ce refus. » « Je pense qu'ils (les pharmaciens) sont victimes d'une décision prise précipitamment par la direction de la Santé qui a délivré des autorisations d'installation d'officines. La DSP n'a pas pris en considération le degrés de concentration des pharmacies dans certains quartiers de la ville », affirme M.Chiali. Selon notre interlocuteur, une commission du conseil de l'ordre se déplacera à Sidi Bel Abbès, dimanche et mardi prochains, pour tenter de trouver une solution à ce conflit et concilier les parties en conflit.