L'annonce mardi par les autorités britanniques de la présentation par la justice française d'une demanded'extradition de Rafik Abdelmoumen Khalifa ne manquera sans doute pas de bousculer tous les scénarios préétablis jusque-là. Londres. De notre envoyé spécial Mardi prochain, nous déclarait hier une source proche des autorités britanniques, Rafik Khalifa devra comparaître devant un tribunal londonien et motiver son refus d'être extradé vers la France. Lors de sa comparution après son arrestation le 27 mars dernier, les avocats de Khalifa ont fait valoir « le risque » qu'il soit remis par la justice française à l'Algérie où il serait, d'après eux, exposé à de « mauvais traitements ». Khalifa, qui s'est offert, nous indique-t-on, les services d'un des plus fameux cabinets d'avocats, un des plus connus sur la place de Londres, a demandé à être libéré sous caution après sa première comparution, ce que le juge lui a refusé. D'après une source diplomatique rencontrée lundi dernier à Londres, soit un jour avant que les autorités britanniques nous confirment l'arrestation de Khalifa le 27 mars suite au mandat d'arrêt délivré contre lui par la justice française, l'extradition de l‘ex-patron du groupe Khalifa, condamné par contumace le mois passé par le tribunal de Blida à la réclusion perpétuelle, n'est plus une affaire de « jours » ou de « semaines », mais plutôt d'années. « Il faut compter une année à trois pour que celle-ci puisse peut-être aboutir », nous exprime-t-elle. Des « complications » sont survenues et auraient, d'après notre interlocuteur, « hypothéqué » l'aboutissement de cette entreprise. Par « complications », la source entend principalement rappeler la parenthèse des « mauvais traitements » qu'auraient subis quelques-uns des Algériens extradés en début d'année par les Britanniques. Dix-sept Algériens soupçonnés par la police britannique d'activisme islamiste et de lien avec des organisations terroristes ont, rappelons-le, fait l'objet, en juin 2006, d'une décision d'extradition vers l'Algérie. Une décision qu'avait officiellement défendue le gouvernement de Tony Blair avant que la justice ne décide, tout récemment, selon différentes sources, de surseoir à l'expulsion des autres Algériens, maintenus jusque-là en attente. Lors d'un débat consacré, le 28 mars passé, par le Parlement britannique à la question des réfugiés au Royaume-Uni, le député Jeremy Corbyn du Parti travailliste a évoqué, dans son intervention, le cas des réfugiés algériens, estimant que le gouvernement algérien n'a pas honoré ses engagements en soumettant, d'après lui, deux des cinq algériens extradés à de mauvais traitements. Il ajoutera, en se basant sur des rapports d'ONG de défense des droits de l'homme, que devant une telle situation, Tony Blair doit s'engager publiquement à ce qu'à l'avenir aucun réfugié ne soit renvoyé dans son pays d'origine si celui-ci ne respectait pas les termes de la Convention internationale contre la torture. Par ailleurs, on nous indiquera que la demande algérienne portant extradition de Khalifa n'a été acceptée pour étude par la partie britannique qu'au mois de février dernier. ` La première demande faite, il y a plus d'une année, soutient une source proche du dossier à Londres, a été rejetée par les Britanniques pour manque de preuves. La délégation du ministère de la Justice qui s'était rendue à Londres le 21 février aurait présenté à titre de preuve le dossier d'instruction qui a servi au procès de la caisse principale d'El Khalifa Bank.