Décidément, nos rues regorgent de bourdes que nous enregistrons par-ci par-là sur les plaques toponymiques apposées à l'époque du défunt GGA. Ainsi, outre les noms écorchés, le quidam constate que la rue devient boulevard (nahdj) en langue arabe, le passage se transforme en impasse et parfois, le cul-de-sac se mue en rue comme celui attribué à Mohamed Bouras, à hauteur de Zoudj Ayoûn ou les rues adjacentes de Bab Azzoun, truffées de bêtises. Plus stupide encore, c'est lorsqu'on voit une bévue commise concernant les dates de naissance et de décès d'une personnalité littéraire ou scientifique ayant marqué son époque, ce qui n'est pas sans induire en erreur la jeune génération. A titre d'exemple, la plaque toponymique de la rue Bencheneb (ex-Marengo) accolée au mur de l'école éponyme induit en erreur, car les dates de naissance et de décès de cet illustre homme de lettres sont fausses. Faut-il rappeler que cet enfant de la région du Titteri est né en 1869 et décédé en 1929 et non 1829-1869 comme inscrit. Il a vécu 60 et non 40 ans. Insouciance ou mépris à l'égard de l'histoire ? Car les autorités ne semblent pas outre mesure froissées par cette bourde, encore moins prendre la peine de rectifier le tir. Et passe pour la rue Hahad qui, en langue arabe éculée, devient... Haddad. Ailleurs, sous d'autres cieux, nous n'aurions pas imaginé des bourdes de ce type apposées sur des plaques résumant l'épigraphe d'une figure littéraire comme Victor Hugo, Verlaine ou encore l'icône de la résistance française, Jean Moulin. Qui est Montagnac ? Enfin, une des rues de Bab El Oued porte le nom de Montagnac. L'on se demande s'il s'agit d'une personnalité célèbre que l'histoire a consignée dans le registre de la science ou des lettres - qui échappe à notre connaissance -ou serait-elle l'épigone des Randon et Pellisier, auteurs des enfumades et autres exactions et barbaries au XIXe siècle qu'ont subies les villages et douars algériens ? Voilà un désordre qui est semé dans nos esprits. Des esprits qui ont du mal à dissimuler l'embrouille causée par le caractère flagrant du nom qui n'est pas sans choquer et qu'on évoque de sinistre mémoire. Espérons que les autorités sauront consulter les historiens et saisir l'occasion de la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la révolution du 1er Novembre pour remettre les pendules, pardon ! les plaques à l'heure de l'histoire.