Depuis que les lotissements urbanisables fleurissent chez nous, il n'est pas aisé au quidam de se retrouver dans les cités nouvelles dont l'adressage fait défaut. Nombre de rues sont des lieux innommés. Cela devient un véritable casse-tête chinois pour celui qui veut se rendre à un endroit précis. On peut errer toute une journée pour rallier le lieu. Vainement. On tourne en rond à travers rues et ruelles sans atteindre notre « but ». Car tout simplement, nos édiles ne jugent rarement l'utilité d'apposer les plaques de rue à chaque coin de pâté de maisons ou d'immeubles pour faciliter leur identification. Le cas d'espèce et non moins édifiant est ce facteur à Bouzaréah qui se perd dans un imbroglio d'habitations nouvelles. Après avoir patrouillé en longueur, en largeur et presque en volume la cité, il abandonne la partie en retournant à la case départ avec, dans son escarcelle, une bonne partie du courrier qui n'est pas arrivé à bon port. Les destinataires, eux, sont furibards. S'enchaîne un tohu-bohu dans l'établissement postal où les destinataires réclament les missives, correspondances et autres convocations qui n'arrivent pas à bon port. Plus stupide encore est de relever les absurdités inscrites sur les plaques qui désignent nos rues. Les bourdes cumulées en matière de transcription et de traduction sont légion et ne semblent aucunement gêner les responsables chargés de cette « œuvre ». Outre les noms et dates écorchés, la rue devient en arabe boulevard, et l'avenue se transforme en « nahdj ». Et passe pour la bévue inscrite sur la plaque bleue qui porte le nom de l'illustre homme de lettres, Mohamed Bencheneb, né en 1869 et décédé en 1929. Mais là, notre comité de toponymie — s'il y en a — ne se presse pas d'écarquiller les yeux sur l'incongruité monumentale indiquant clairement les fausses dates sur la plaque (1829-1869). Ce qui n'est pas sans flouer la jeune génération.