Sur quelle évaluation s'appuie cette réorganisation de l'enseignement secondaire technologique ? Dans l'ancienne structuration, il y avait six filières dans l'enseignement technique : électronique, électrotechnique, fabrication mécanique, BTP, chimie et technique comptable. Certaines d'entre elles consistaient en une spécialisation précoce en vue de l'insertion dans le monde du travail. Leurs élèves ne pouvaient prétendre à des études universitaires longues, type ingéniorat. En effet, il ne faut pas oublier que, jusque-là, les détenteurs du baccalauréat de technicien se voyaient orienter vers les cycles courts (DEUA). L'objectif premier de cette nouvelle structuration est de nous adapter à la seule mission assignée au cycle secondaire dépendant du MEN : préparer nos élèves à suivre avec succès des études universitaires. Il ne s'agit plus de penser en termes d'insertion dans le monde du travail. Le vocable enseignement technologique a remplacé la traditionnelle dénomination d'enseignement technique. Ce glissement sémantique doit avoir une signification. Pouvez- vous nous l'expliquer ? Il faut nous rendre à l'évidence. La modernisation induit des changements dans les comportements professionnels. Inévitablement que les contenus des programmes ainsi que les méthodes de travail suivent cette évolution. Qu'il y ait glissement sémantique, c'est certain. La question à poser est celle-ci : l'enseignement technologique garantit-il l'adaptation à cette modernisation ? Nous ne faisons que nous conformer avec nos spécificités à une tendance mondiale qui a démarré depuis de longues années dans les pays développés. Il se dit que des filières vont être supprimées. Ce qui alimente les craintes d'un « démantèlement » de l'enseignement technique. Qu'en est-il au juste ? C'est plus d'une harmonisation dont il est question. En termes de contenu pédagogique, les filières techniques de l'ancienne structuration sont assez proches des filières du technologique. Nous avons opéré un glissement vers ces dernières, en réduisant le nombre de filières vu que certaines font pratiquement double emploi. Et, en plus, nous ne devons pas oublier que notre département ministériel a désormais pour seule mission la préparation à l'université via l'enseignement secondaire général et technologique. D'où l'inopportunité de garder, chez nous, des spécialités techniques qui ont pour vocation d'offrir à l'élève la possibilité d'un diplôme qualifiant à un métier. Ce type de spécialité est très demandé de nos jours par le monde du travail. Elles (ces spécialités) sont prises en charge par un autre segment du cycle post-obligatoire. Je veux parler de l'enseignement professionnel qui ne dépend pas du MEN. Les enseignants affichent des préoccupations au sujet de leur carrière. Ils demandent des assurances. Comment comptez-vous utiliser l'encadrement actuel des établissements touchés par la restructuration ? Je vous renvoie aux nombreuses déclarations du ministre. Il a, à maintes reprises, déclaré que les personnels du technique ne seront pas pénalisés. Leur nombre ira en augmentant, une fois dépassée la phase transitoire, laquelle se caractérise par un très faible taux d'élèves inscrits dans la filière techniques mathématiques (dans ses 4 options de génie). Ce taux est actuellement de 08,10 % de l'effectif global des élèves inscrits en 2eAS. Il est inadmissible que cette situation perdure. Notre objectif principal est de ramener ce taux à 30%. Vous devez savoir que la filière TM n'est présente que dans seulement 651 établissements du secondaire sur un total de 1545. Il y a lieu d'aller vers une généralisation de cette filière. Je vous apprends qu'une circulaire est en voie de finalisation pour encadrer cette phase transitoire qui pose problème. En quoi consiste cette circulaire ? Elle codifie les assurances données par le ministre. Elle prend en charge les préoccupations des personnels, à savoir le maintien des établissements sous la tutelle du MEN et la préservation de postes de travail avec une équitable répartition des charges pédagogiques. Dans ce dernier cas, les enseignants seront sollicités pour encadrer, si le besoin se fait sentir, des matières voisines de la leur (informatique, par exemple). Il ne sera plus question de leur donner à enseigner une spécialité totalement différente de la leur. A mentionner aussi le strict respect par les établissements des filières existantes déjà en 1e AS, pour ne pas décourager les élèves en 2eAS et les obliger à changer d'établissement. Accepter de reprendre le maximum d'élèves parmi les 3e AS recalés au bac 2007. Il s'agit de leur donner une seconde chance et ne pas les pénaliser par la restructuration. Ce document sera largement diffusé dans les établissements scolaires concernés. Vous avez parlé d'une phase transitoire qui pose problème. Pourquoi ? La mise en place de la 4e AM (celle de la réforme) a généré une chute considérable des effectifs de 1eAS pour les deux années scolaires 2005/2006 et 2006/2007. Le chiffre est passé de 472.000 élèves à 252 000. Cela a entraîné évidemment une diminution des effectifs de 2eAS. La tendance à la hausse des effectifs des élèves est programmée à partir de l'année 2008/09. La généralisation des filières technologiques est une priorité. Nous avons relevé, dans nos estimations, un manque d'enseignants dans l'option génie des procédés. C'est dire !