La Coordination nationale des lycées techniques et technicums (CNLTT) envisage de paralyser les établissements scolaires en organisant, demain, une journée de protestation avec arrêt de cours. A travers ce débrayage, les contestataires s'élèvent contre le démantèlement des lycées techniques. Une mesure qualifiée par la coordination de dérive grave qui tuera l'enseignement et qu'elle refuse, à cet effet, de cautionner. La coordination déplore le fait que la tutelle ait eu recours à cette décision sans consultation des acteurs concernés. Du côté de la tutelle, ces propos n'ont pas laissé indifférent le département de M. Benbouzid. Celui-ci est sorti de sa réserve « pour mettre de l'ordre dans la maison éducation ». Le ministère qui s'est déjà prononcé sur ce sujet a démenti catégoriquement les informations « jugées récurrentes » colportées par la coordination et faisant état d'un soi-disant abandon de l'enseignement technique, voire de son démantèlement ou, plus grave, de licenciement d'enseignants de cette filière. Afin de rassurer les enseignants, les élèves, les parents d'élèves et l'opinion publique de manière générale sur ce dossier, le ministère à précisé qu'il n'a jamais été question de supprimer l'enseignement technique comme il n'a jamais été question aussi de toucher à l'emploi ou à la carrière des enseignants du technique. « La réorganisation de l'enseignement secondaire qui est à sa troisième année de mise en œuvre a valorisé l'enseignement technique par son intégration dans un enseignement scientifique et technologique rénové, offrant à l'élève les outils de base qui lui permettront de mieux réussir à l'université », a expliqué le conseiller à l'information au niveau du ministère. Dans ce contexte, notre interlocuteur fera remarquer avec insistance que ni l'emploi, ni le statut, ni l'évolution de la carrière des enseignants du technique ne seront modifiés. « Ces enseignants seront, sans aucun doute, sollicités notamment au regard du développement programmé des effectifs des filières techniques, à l'horizon 2008 ». En abordant les détails de cette réorganisation, les responsables au ministère soutiennent que le nouveau système (réorganisation appliquée de par le monde) n'assure plus de spécialisation précoce, source de déperdition dans les études universitaires, comme constaté par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Cet enseignement, de l'avis du ministère, fournit aux élèves qui y accèdent les outils nécessaires (les langues arabe et étrangères, mathématiques, physique, chimie et informatique) qui vont leur offrir plus de chances de réussite dans leurs études universitaires. Dans cette perspective, les filières spécialisées de l'enseignement technique, telles qu'elles étaient conçues (fabrication mécanique, électronique, électrotechnique, comptabilité, travaux publics et bâtiment, chimie) n'auront plus cours sous leur forme actuelle dans l'enseignement secondaire, car elles ne préparaient pas convenablement les élèves à réussir leurs études universitaires, dans la mesure où 80% des titulaires du baccalauréat de technicien échouent leur première année de tronc commun universitaire. Ils échouent parce qu'ils ne disposent pas du capital connaissances nécessaires en mathématiques, en physique et en chimie. Pour ce qui est de la préparation à l'emploi, ces mêmes filières, de l'avis du conseiller à l'information, n'assuraient pas de préparation convenable des élèves qui y étaient affectés à l'exercice d'un métier. Le département de M. Benbouzid tente d'être plus clair en expliquant qu'il faut éviter l'amalgame entre les filières et le type d'enseignement. De l'avis de la tutelle, l'extinction de certaines filières induites par les nécessités du développement scientifique et technologique ne signifie pas pour autant la suppression de l'enseignement technique dans le système d'éducation et de formation. L'autre amalgame à éviter d'après le ministère de l'Education est celui qui consiste à considérer les spécialités du baccalauréat de technicien, destinées à la vie active, au même titre que les filières de technique mathématique, réputées prestigieuses, lesquelles sont non seulement maintenues mais appelées à se développer et à s'élargir dans le cadre de la nouvelle organisation de l'enseignement secondaire. Cependant, pour mettre fin à cette ambiguïté, la réforme du système éducatif a établi, selon les responsables du ministère, la distinction suivante : désormais, la vocation ou les finalités académiques de l'enseignement technique, c'est-à-dire la préparation à l'enseignement supérieur, sont assumées et prises en charge par l'enseignement secondaire technologique, essentiellement à travers les filières de techniques mathématiques et d'économie qui ont constitué, pendant très longtemps, « le fleuron » des lycées techniques. Les filières qui dispensent cet enseignement seront progressivement développées et élargies pour assurer une préparation adéquate des élèves à la réussite dans les études universitaires dans les différentes spécialités de la technologie.