La Fédération des syndicats Sud Education a lancé un appel de participation massive à la manifestation nationale en soutien aux sans-papiers et aux demandeurs d'asile qui aura lieu aujourd'hui à 14 h à Paris, de l'église Saint Bernard à la place de la République. Dans son appel diffusé sur Internet, Sud Education a exigé la régularisation de tous les sans-papiers par la carte de résidence de dix ans, la libération des sans-papiers en prison pour défaut de papiers, l'abrogation des lois Pasqua, Debré, Chevènement et Sarkozy ainsi que la fermeture des Centres de rétention administrative (CRA) et s'est déclaré contre les « portails d'immigration ». La Fédération a également appelé au respect de la liberté de circulation et à la révision de la politique de l'immigration en France. Avec le réseau Education sans frontières, enseignants, parents d'élèves, élèves, syndicalistes, associations se mobilisent pour sauver des élèves de l'expulsion. Dans son appel, Sud Education a souligné un durcissement général des pratiques préfectorales en France, l'accroissement des contrôles, les arrestations, les expulsions. « On va jusqu'à utiliser scandaleusement les structures et les personnels de l'éducation nationale pour traquer des familles par le biais des enfants (comme à Rennes et à Metz) », lit-on dans l'appel. Plus loin, les rédacteurs de l'appel se sont insurgés contre « la présence d'enfants » dans les centres de rétention. condamnation L'appel a condamné la criminalisation des personnes qui soutiennent des sans-papiers comme cela s'est passé à Calais et à Bobigny. Mais surtout, Sud Education a prévenu contre les graves dérives au niveau européen : l'Union européenne étudie le projet de créer des « portails de l'immigration », euphémisme désignant des camps pour réfugiés en dehors du territoire européen, notamment dans les pays du Maghreb, pour traiter les demandes d'asile. Le 5 novembre prochain, un sommet réunira les vingt-cinq chefs d'Etat et de gouvernement européens pour définir l'avenir de la politique d'asile et d'immigration en Europe. En juin 2003, lors du sommet européen de Thessalonique en Grèce, la Grande-Bretagne a émis la proposition d'installer des centres de traitement des demandes d'asile au-delà des frontières européennes. Proposition reportée alors par le Conseil de l'UE. L'Italie et l'Allemagne ont relancé l'idée en août 2003 en proposant de créer une « institution européenne » chargée du tri des demandeurs d'asile et des migrants dans des camps situés hors des frontières de l'UE. Le réseau Migreurop, tout en dénonçant le choix « policier » de l'Union, s'est interrogé sur les garanties juridiques et humaines de telles procédures. Migreurop a ajouté que l'Europe ne semble pas retenir la leçon de la gestion des camps des réfugiés bosniaques durant la décennie 1990 et des réfugiés allemands, dont les demandes d'asile étaient rejetées par les pays voisins dans les années 1930 en pleine montée du nazisme. Le Comité des églises pour les migrants en Europe, la Fédération internationale des droits de l'homme, le réseau Migreurop et des associations belges, allemandes, britanniques, espagnoles, italiennes et françaises ont lancé le 12 octobre dernier un appel à signatures contre ces dispositions (www.no-campsmigreurop.org).