C'est un spectacle devenu presque banal que de voir de plus en plus de mendiants en cette période de jeûne et de ferveur religieuse. Il n'est même pas possible de traverser certains endroits sans être interpellé par des personnes des deux sexes et de tout âge qui vous demandent l'aumône. Il est donc fréquent de les rencontrer dans les rues commerçantes et devant les mosquées. Elles sont en majorité des femmes entourées d'enfants, portant leur dernier-né dans le giron, habillées en haillon pour mieux susciter la magnanimité des jeûneurs. Tendant leur main ou utilisant des sébiles, elles font tout pour apitoyer leurs coreligionnaires qui, souvent, font preuve d'élan de générosité. En dépit du fait que le phénomène de la mendicité est en train d'entrer dans la normalité car la paupérisation a déjà happé de larges pans de la société, il n'en demeure pas moins de remarquer que le nombre de mendiants se multiplie au cours du mois sacré. Il est même observé un flux de mendiants venant de régions lointaines et même des wilayas frontalières avec les pays voisins. Des femmes caractéristiques des Beni Idès que certains comparent aux gitans se postent dès le matin dans les endroits les plus favorables. Ces femmes font de longues pérégrinations et arrivent avec leur famille aux abords de la ville la veille du mois de Ramadhan. Rapidement, la caravane installe ses campements pour le séjour au cours duquel les hommes s'affairent aux travaux domestiques et les femmes à la mendicité. Il faut aussi dire que la misère a tissé ses rets autour d'un grand nombre de citoyens tant et si bien qu'il suffit de voir le spectacle quotidien offert par ces personnes faisant la chaîne devant les restos du cœur. Si la soupe populaire est dans le plus grand nombre de cas servie aux personnes dans le besoin, il en va autrement des couffins destinés aux nécessiteux et qui, souvent, sont détournés par des profiteurs de tous bords.