Un phénomène qui prend de l'ampleur ces derniers jours, et ce, à la faveur des vicissitudes de la vie. Des poursuites seront entamées par les services de l'action sociale contre les mendiants qui exploitent les enfants en bas âge à Oran. C'est ce qu'a affirmé le directeur de l'action sociale, M.Malioui. Ce n'est pas une première, puisque la même procédure a été appliquée, l'année dernière. Une démarche qui vise à soustraire les enfants de l'exploitation. Un phénomène qui prend de l'ampleur ces derniers jours, et ce, à la faveur des vicissitudes de la vie. Ce fléau prend l'allure d'une profession, exercée au su et au vu de tout le monde. Les rues sont investies le jour et les devantures sont obstruées la nuit. Les rues Khemisti, d'Arzew, le Front de mer et de Mostaganem, ne désemplissent pas. Des «professionnels» déambulent, à longueur de journée, en quête de pièces. Tendre la manche est devenu tellement banal que des vieux, vieilles, jeunes, moins jeunes, enfants, drogués, hommes et femmes n'hésitent pas à apostropher les passants et les automobilistes. Plus de deux milliers de mendiants quémandent quotidiennement. Le hic, c'est l'utilisation des enfants. Des femmes utilisent leur progéniture. Des enfants, qui doivent, en principe être à l'école, tendent sans gêne la main. Seulement, cette mendicité est bien organisée. Quelques heures avant le coup d'envoi de l'une des opérations menées l'année dernière, la ville s'est, subitement, vidée de ses mendiants. Un constat qui renseigne quant à l'existence d'une organisation bien informée sur les mouvements des services concernés. D'ailleurs, une des mendiantes s'est fait prendre avec, en sa possession, un téléphone portable. La pauvreté est une phase transitoire. Etre pauvre n'est pas un handicap. Mais l'on assiste aujourd'hui à une autre forme, qui est la face cachée du phénomène. Celui qui joue sur les fibres sentimentales. Comment peut-on distinguer entre les vrais et faux mendiants? Car parmi ces derniers, on trouve des drogués, des délinquants, des femmes divorcées, des handicapés, des femmes enceintes...Les pratiquants de la mendicité ne lâchent pas prise, apostrophant et harcelant sans distinction les passants. «C'est cette fortune qui génère une fortune sans limite», nous renseigne un passant. C'est pourquoi des personnes se transforment en handicapées, ajoute-t-il. Elles utilisent un langage d'une certitude avérée, pouvant amadouer les plus insensibles. Ces mendiants investissent tous les lieux: les rues, les mosquées, les bus, les cafés, les bars...et la liste est longue. De longues et de drôles d'histoires sont inventées. Allant des besoins pour l'enterrement de sa femme, passant par l'indigence implacable, jusqu'à l'aide pour se faire délivrer des médicaments. Il y a, de l'autre côté, les faits les plus répugnants qui sont les accords conclus entre ces mendiants et certains parents peu scrupuleux. Ces derniers cèdent un de leurs enfants à ces mendiants qui les exploitent dans la collecte de l'aumône. A cela s'ajoutent ces femmes qui, assises, bercent leurs bébés et tendent la main. Les passants sont plus que décidés à être sceptiques. «Je n'arrive pas à différencier le vrai nécessiteux du faux», nous déclare un citoyen, qui s'interroge sur l'exploitation des enfants et des personnes handicapées. Cette forme de mendicité pose un sérieux problème. Car, la dignité humaine et citoyenne est bafouée. C'est une des formes d'esclavage les plus graves. Des dispositions juridiques protégeant l'enfant contre ce genre de dépassements, des mesures répressives doivent suivre, nous a déclaré un avocat.