Très sales et mal vêtus, des enfants seuls, lâchés par leurs parents, fréquentent les rues commerçantes et demandent de l'aumône à tout bout de champ sans hésitation. Ces pauvres enfants, dont l'âge, pour leur majorité, ne dépassent pas les 10 ans, sont utilisés comme appât, par ces “porteuses d'enfants et de bébés”. La mendicité est un phénomène inquiétant qui prend de l'ampleur à Hassi-R'mel, chef- lieu de daïra, situé à 120 km au sud de la wilaya de Laghouat. En dépit du fait que ce fléau est en train d'entrer dans la normalité en raison de la paupérisation de larges pans de la société, il n'en demeure pas moins que le nombre de mendiants se multiplie ses dernières années. Une simple virée dans les quartiers de cette localité, vous renseigne sur ce phénomène où des femmes de différents âges, seules ou avec des bébés et enfants en bas âges, parfois des nourrissons et des hommes, y occupent les trottoirs des principales artères. Le vendredi, jour du souk hebdomadaire à Hassi R'mel, il vous est parfois impossible de se frayer un chemin dans la foule, sans être interpellé par ses pauvres mendiants (es) des deux sexes et de tout âge qui vous demandent l'aumône. Assises à même le sol, ces femmes, dont l'âge ne permet pas généralement de procréer, portent dans leur giron des nourrissons qu'elles traitent sans aucun ménagement pour les faire tenir tranquille ou encore allongés à même le sol les exposant à la poussière et la chaleur du soleil en ce début de période de canicule. Ecœuré par ces images misérables, un passant crie à qui veut l'entendre et pointe un doigt accusateur vers le “département de la Solidarité nationale qui ne fait rien pour porter secours à ces enfants en détresse”. Tel un rituel, ses femmes (porteuses d'enfants) se postent tôt le matin à l'entrée d'Ettaqwa, grande mosquée située à proximité du complexe administratif de la direction régionale de la division production de Sonatrach, certaines en haillons, d'autres enveloppées de leur hidjab, pour mieux susciter la magnanimité des fidèles venus accomplir la prière du vendredi. Au moment où elles tendent leur main et font tout pour apitoyer les fidèles qui font souvent preuve de générosité, certains de leurs enfants dorment encore, d'autres (bébés) tètent. Quant à ceux en mesure de marcher, ils s'accrochent aux passants pour leur “soutirer” quelques sous. Un spectacle désolant et frappant à plus d'un titre lorsque cette innocence est violée de plein fouet alors qu'elle nécessite, à son âge, une protection sociale particulière. Le même scénario est constaté en cette fin de mois, devant le bureau de poste du centre-ville et celui situé a côté de la mosquée précitée. Période propice du fait des virements des salaires de milliers de travailleurs exerçant dans les sociétés pétrolières implantées dans la région. A noter que la misère a touché un grand nombre de foyers tant et si bien qu'il suffit de voir le spectacle quotidien offert par ces personnes “stationnées” pendant les heures du déjeuner et du dîner, devant les portails d'entrée des bases de vie, attendant un geste charitable de la part des personnes sortant des restaurants. Très sales et mal vêtus, des enfants seuls, lâchés par leurs parents, fréquentent les rues commerçantes et demandent de l'aumône à tout bout de champ sans hésitation. Ces enfants dont l'âge, pour leur majorité, ne dépassent pas les 10 ans, sillonnent à longueur de journée et sous un soleil de plomb, les trottoirs et les vitrines des magasins et autres boucheries. Le paradoxe, nous dit-t-on, est que, pour les mendiants adultes, très peu acceptent de la nourriture préférant plutôt de l'argent. C'est à ce titre qu'un commerçant a indiqué que “pour beaucoup d'entre eux exploitent les enfants pour assurer un gain facile”. Une pratique prohibée qui se pratique pourtant, à ciel ouvert et au vu et au su de tout le monde. L'école est incontestablement, le milieu naturel pour l'émancipation de cette innocence exploitée. Malheureusement, ces pauvres enfants sont utilisés comme appât, par ces “porteuses d'enfants et de bébés”. Ils vivent, en réalité, des moments dramatiques de leur vie. BOUHAMAM Arezki