L'ouverture des plis relatifs à l'importation exceptionnelle de 20 000 t de poudre de lait par le groupe public Giplait aura lieu aujourd'hui à Alger afin d'endiguer la crise qui touche particulièrement le secteur privé. L'information a été annoncée hier par Mouloud Harim, PDG du groupe public, rencontré en marge de la visite du ministre de l'Industrie à Colaital, unité de production de Birkhadem. La filiale de Giplait chargée de l'importation de la matière première, Milk Trade, explique le PDG du groupe laitier public, attend de connaître les quantités et les prix de vente que vont proposer les fournisseurs. En dépit du caractère urgent de la crise, le responsable dit ne pas vouloir céder à la précipitation en ce sens que les prix sur les marchés mondiaux vont se stabiliser avec l'entrée des productions de l'Amérique et de l'Océanie. « Demain, nous allons être fixés sur la disponibilité du produit, et si nous trouvons qu'il y a de la marchandise qu'on pourrait avoir rapidement, là on peut augmenter la production sans aucune crainte de pénurie », a tenu à souligner M. Harim. La crainte est de voir les stocks de sécurité s'épuiser. A s'en fier aux propos du directeur de l'unité de Colaital, Abdelkader Chahed, « les stocks de poudre de lait disponibles couvrent à peine les besoins d'un mois ». Cette unité, qui alimente toute la capitale avec 65 districts, dispose d'à peine 120 t. C'est ce qui empêche, ajoute ce même responsable, de passer à un fonctionnement H24 avec trois équipes. Actuellement, deux équipes se relayent. Par précaution, Colaital a été amené, depuis une quinzaine de jours, à suspendre la production des produits dérivés, à plus forte valeur ajoutée, orientant ainsi l'ensemble de sa matière première vers la production du lait en sachet pour faire face à la pénurie, a indiqué M. Chahed. Ceci étant, précise le PDG du groupe public Giplait, « il est difficile d'estimer les stocks vu la rotation au niveau des unités et des ports ». Pour M. Harim, « dès que nous aurons la garantie de la disponibilité de la poudre de lait, nous allons augmenter notre production ». Les 19 unités de Giplait peuvent passer à 2, voire 2,5 millions de litres par jour en fonction de la demande au lieu des 1,75 million de l/j actuels, fait observer le directeur de ce groupe. La facture d'importation de la poudre de lait coûte en moyenne 600 millions de dollars, a rappelé un responsable au ministère de l'Industrie, alors qu'elle était de 550 millions de dollars l'année dernière. Les besoins en lait sont de l'ordre de 2 500 000 l/j, selon M. Khedri, qui a signalé que Giplait était en possession d'un stock de six mois. Dès que ce stock sera augmenté, Giplait reprendra la production des produits dérivés, selon lui. Selon les données du PDG de Giplait, « six unités du secteur public sont toujours à l'arrêt, même si la crise semble se résorber à l'échelle nationale, sauf pour certaines wilayas de l'est du pays ». Le sachet de lait est vendu à 23,35 DA sortie usine. Le distributeur le cède à 24,10 DA avec une marge bénéficiaire de 0,75 DA et le détaillant à 25 DA avec une marge de 0,90 DA. A signaler, par ailleurs, que les producteurs laitiers privés membres de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA) ont décidé samedi de reprendre la production du sachet de lait mettant ainsi fin à la crise que connaît la filière depuis deux mois, a annoncé la CIPA dans un communiqué. Cette décision a été prise à la suite des dernières assurances du ministre des Finances, Mourad Medelci, qui avait indiqué jeudi que le lait pasteurisé en sachet continuera à être subventionné par l'Etat en vue de maintenir le prix public à 25 DA le litre, a souligné la même source, qui dit avoir « pris acte » des déclarations du ministre. M. Medelci avait ajouté que le groupe public Giplait se chargera dorénavant de vendre la poudre de lait aux transformateurs privés à un prix subventionné mais à condition qu'elle soit destinée exclusivement à la fabrication du lait et non à des produits dérivés. « Face à cette nouvelle situation, les industriels laitiers privés, adhérents à la Cipa, ont décidé, hier, la reprise de la production du sachet de lait afin de mettre un terme à la crise actuelle, et cela, malgré toutes les pertes financières qui en découlent », déclare le communiqué. Par ailleurs, « ces industriels attendent dans les meilleurs délais que les pouvoirs publics fixent des échéances pour ouvrir le dialogue et la concertation avec le ministère du Commerce en vue d'arrêter un mode de gestion collégiale de la filière lait », suggère la CIPA. Il faudrait également, souhaite cette organisation, « mettre en place les mécanismes de sortie de crise, de fixer les modalités d'application de la distribution et de la répartition des subventions et de s'engager quant à la prise en charge des pertes subies à ce jour dans le cadre de la fabrication de ce produit ». Les producteurs de lait de base affirmaient ces derniers temps vendre à perte à cause de la flambée des cours de la poudre de lait sur le marché international et le maintien du prix public à 25 DA le litre.